(Attention cette critique traite du jeu dans son ensemble, il y a donc possiblement des spoilers.)


Si l'on accepte de passer outre l'épisode des bugs infinis suivant sa sortie et sur le fait qu'Ubisoft ai mit près de deux générations d'ordinateurs chaos en doublant presque le processeur nécessaire pour le faire tourner correctement (de 2,6 GHz pour Black Flag nous sommes passé à plus de 4 pour ce dernier opus), on peut analyser Unity de façon à peu près claire.


Pour ma part, j'ai fini le jeu en moins d'une semaine (le scénario principal), en vacant entre les missions et les phases multijoueurs (lorsque le jeu ne lagait pas trop bien que j'ai mit les graphismes au minimum). Je diviserai donc ma critique en deux points principaux.


Commençons par le bon : fondamentalement, l'idée d'un monde plus ouvert, donnant plus de solutions dans les missions à mener marche bien. Le simple fait de pouvoir échapper aux gardes à travers une petite cour ou par n'importe quel immeuble de la capitale défait d'une frustration que l'on pouvait éprouver en étant souvent obligé de grimper sur les toits en priant que les caillasses des gardes ne nous pleuvent pas dessus dans les précédent opus (du moins pour les joueurs d'un niveau moyen comme moi). Unity laisse un peu plus de "créativité" et d' "imagination" dans les assassinats, ce qui est relativement agréable, bien que la dite créativité soit souvent amenée par de grosses ficelles, soyons honnêtes.


Côté gameplay ont dispose d'un panel de personnalisation réellement intéressant qui permet de développer son propre style d'assassin. Même si l'on arrive pas au niveau d'un rpg, il y a suffisamment d'armes, de tenues et de compétences pour pourvoir créer SON assassin (excepté bien sûr le fait qu'Arno soit visiblement le seul membre de la Confrérie agissant réellement dans Paris troll).


Au niveau de la navigation, je serais un très mauvais juge étant donné que je fais parti de ceux qui ont vu leur PC presque tourner de l’œil en démarrant le jeu. De mon ressentit, Ubisoft reste plutôt fidèle à ça méthode, avec encore souvent le classique "Je fonce dans le mur en tournant et t'auras beau me changer de direction, je ne m'arrêterai que lorsque les soldats auront fait les 500 mètres que tu leur avais mis". Mis à part ça, le jeu reste plutôt maniable et agréable, d'autant que ceux qui auront put le faire tourner en ultra auront put profiter d'un Paris très bien représenté et beau, il faut le dire.


Enfin le multijoueurs, bien que je n'ai pas put en profiter à 100% étant donné les difficultés techniques, est vraiment agréable, et on retrouve bien le fantasme que nous avait vendu la bande annonce de Brotherhood et le trailer de Unity : des assassins qui tombent de partout sans laisser le temps aux cibles de comprendre. Et on se laisse rapidement aller aux bons délires, aux tentatives de quadruples assassinats depuis un murs (bien que ça ne marche pas toujours) et aux mises en scènes façon "Un en face et trois au dessus". Sur ce point le jeu porte bien son nom, car on peut créer une réelle cohésion en multijoueurs.


Et c'est là que je passe sur le mauvais : le scénario. Je précise qu'ici, tout tiendra plus de mon ressentit personnel, donc libre à chacun d'avoir son avis là dessus.


Pour moi Unity a été bâclé, très violemment. Et il y a beaucoup à dire.
J'aurais d'abord une question pour Ubisoft : Pourquoi ? Pourquoi ce trailer si alléchant ? Pourquoi cette prise de la Bastille si encourageante par Arno et ses frères assassins ? Pourquoi une bande annonce si stylée, et pour nous donner quoi au final ? Arno qui s'entraîne avec des bâtons dans une cellule à côté du Duc de Sade (personnage très intéressant d'ailleurs) ! C'est dur à dire mais le trailer de Unity est un mensonge très dur à encaisser quand on commence le jeu, surtout que cet opus dans la Révolution française, on l'attendait vraiment, autant pour son contexte que par les possibilités infinies que le conflits entre Assassins et Templiers avait.


D'ailleurs Arno parlons en : décevant. On dirait presque qu'Ubisoft a voulu jouer la carte de la nostalgie en nous rebalançant le style d'Ezio (sérieux les gars vous pensiez qu'on ne le verrait pas ?). La même coupe, le même style vagabond et rebelle... mais aucune profondeur. Arno est un mec pommé au sens littéral du terme. L'idée de départ était pourtant bien : fils d'assassin élevé par un templier au côté de son amie d'enfance destinée à devenir elle même templier. Puis l'assassinat de son tuteur dont il est accusé, et la haine d'Elise.


Et c'est là que pour moi le scénario est parti dans le décors. Premièrement Arno et le scénario de Unity :


-l'apprentissage d'Arno en tant qu'assassin est ellipsé, ce que je trouve plutôt dommage mais passable.


-la première lettre que l'on reçoit d'Elise est une lettre où elle semble l'avoir pardonné un an après le meurtre de son père. On se prive donc d'un objectif secondaire qui aurait put être franchement intéressant, la quête d'Arno pour prouver son innocence auprès de sa bien aimée (oui parce qu'il faut le dire, les 3/4 de ce qu'il fait c'est pour les beaux yeux d'Elise). De plus, et là j'aimerais que l'on m'explique le pourquoi du comment, Elise sait qu'il est devenu assassin ! Vous conviendrez que si les templiers ont la liste de tous les adhérents au cercle des assassins, c'est quand même assez grave !


-on a l'impression qu'Arno ne rejoint les assassins que parce qu'il en a marre de picoler. Pas de vengeance, pas de but réel, il se fout royalement de la Révolution, du Credo et de la guerre assassins/templiers. Vous me direz que c'était pareil pour Edward, mais lui c'était dans son caractère et il le disait clairement qu'il n'en avait rien à cirer. On essaye de nous intégrer Arno dans la cause des assassins mais ça semble juste être un prétexte pour revoir Elise au détour d'un ruelle encore et encore. Alors certes il fait aussi ça pour venger la mort de son tuteur, mais bon ça ne va quand même pas très loin.


-l'épée d'Eden ! On la voit au début avec la séquence au Moyen Âge lors de la chute du Temple. Quand on s'est un peu intéressé au background, on sait que ces épées (il y en a plusieurs apparemment) ont quand même eu un énorme impact dans l'histoire, notamment lors du combat opposant les assassins du Levant et Gengis Khan. On ne la reverra qu'à la fin du scénario principal, ressortit de nul part par François-Thomas Germain, alors qu'on ne s'y sera absolument pas intéressé de tout le jeu. Et au final les assassins laisse Arno se balader avec comme ça sans s'inquiéter, et ceux qui vous recrute (dans le temps présent au début du jeu) ne feront même pas en sorte de continuer leur opération par rapport à la Révolution sous prétexte que le crâne de Germain est planqué parmi des milliers d'autres dans les catacombes. "L'épée... bah tant pi c'est pas grave." On a connu la Confrérie plus soigneuse.


Ensuite le contexte. Il est clairement mal exploité :


-premièrement l'histoire se déroule de 1789 à 1794, sans compter les missions multijoueurs qui prennent place parfois au début du XIXème siècle. Tous les autres AC (excepté le premier) se déroulaient sur près de dix ans, voir plus. Concrètement, excepté la prise de la Bastille dont on ne profite même pas comme on l'espérait, on vit la partie vide de la Révolution, rythmée par le régime de la Terreur de Robespierre (Templier comme on pouvait s'y attendre). Certes les cibles que l'on a sont logiques puisque les opérations qu'elles mènent on pour but de mettre le peuple dans leur poche en ces temps troublés, mais on n'est jamais vraiment concerné par les grands changements qu'amène la Révolution française.


-la courte période de cet opus nous prive également de personnages et d'évènements qui auraient juste été jouissif à parcourir et à connaître. Le meilleur exemple : Napoléon, utilisateur d'une Pomme d'Eden qu'il volera à Louis XVI aurait put être génial et les dilemmes entre son règne et une Confrérie liée à la Révolution auraient été foutrement intéressants. Mais il passe complètement à la trappe, puisqu'il ne prendra une réelle importance qu'au XIXème siècle. Alors vous me direz que Unity devait traiter uniquement la Révolution, mais lorsqu'on y réfléchit bien, l'Empire est difficilement dissociable de la Révolution.


-si le titre Unity se rapporte bien au multijoueur, il n'a aucun rapport avec le scénario. Beaucoup s'attendaient à découvrir une Confrérie désorganisée par la Révolution, avec un avantage énorme pour les templiers. On pensait que les assassins montreraient vraiment une forme d'unité, de rassemblement, de rédemption même (voir en fin de critique). Au final à part Mirabeau et Bellec qui veut réformer la Confrérie, aucun personnage de la Confrérie n'a amené cet aspect. Les assassins sont posés et bloqués dans une inaction totale, surtout après la mort de Mirabeau leur Mentor. Les assassins français n'ont rien à voir avec leur contexte, et sont passablement ennuyeux.


En bref le scénario de Unity souffre finalement d'un mal que Black Flag avait à peu près réussi à esquiver. Avec la mort de Desmond, l'histoire linéaire d'Assassin's Creed s'est franchement perdu. Le fait d'incarner un Initié qui découvre les assassins n'est pas une mauvaise idée, mais les objectifs dans la guerre entre les assassins et les templiers n'ont plus rien de consistant, c'est juste un prétexte pour pouvoir retourner dans l'Animus et incarner un autre assassin, dans un contexte dont on ne s'imprègne presque plus vraiment.
Le multijoueur porte assez bien le jeu mais ne permet pas d'étouffer le manque de scénario grandissant de la licence ces derniers temps.


Pour appuyer mon propos j'aimerai faire une petite comparaison avec AC Rogue sorti sur PS3, 360 et plus récemment sur PC. Je parlais plus haut de rédemption de la Confrérie des assassins. On a considéré Rogue comme un fan service pour les utilisateurs de PS3 et 360. A tord ! Certes le gameplay était exactement le même que BF, mais il y avait un énorme intérêt : ce jeu fait clairement la morale aux assassins. Le personnage de Shayne existe pour rappeler aux assassins que si il doivent protéger l'Humanité de son côté obscur et de ceux qui veulent la dominer, ils doivent aussi la protéger d'eux même. Rogue rappelle aux assassins qu'avant d'être des ombres gardiennes, des hommes et des femme qui connaissent la réalité, ils sont des êtres humains, qui peuvent commettre de grave fautes et se laisser emporter par leur pouvoir et leur Credo qui est loin d'être sans faille. Rogue sert à ça, et en cela, il est scénaristiquement plus intéressant que Unity.
C'est comme cela qu'on voit ce que Unity aurait dut être : la rédemption des assassins. Shayne est celui qui tue le père d'Arno à la fin de Rogue, il fait donc le lien. Unity aurait dut nous montrer une Confrérie qui devait se relever, affronter ses erreurs passée, se souvenir de son objectif premier, celui d'être une ombre et non une influence. Les assassins existent non par pour défendre leur vision du monde, mais pour s'assurer que l'Humanité choisisse elle même sa voie, être là pour la rattrapé si elle tombe et la protéger si on la menace. C'est ce que les assassins ont oublié dans Rogue, ce en quoi ils ont cru dans dans AC III et ce dont ils auraient dut se souvenir dans Unity.


Voilà. J'espère que cette critique apportera un intérêt pour vous qui la lirez. Il s'agit de la première que je fais sur ce site, et j'ai sans doute oublier des points importants sur Unity et AC en général. Je suis ouvert à tout ce que l'on pourra dire sur ce que je viens d'écrire, je ne demande que ça.

Dioclès_D
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs jeux Assassin's Creed

Créée

le 4 avr. 2015

Critique lue 809 fois

7 j'aime

Dioclès_D

Écrit par

Critique lue 809 fois

7

D'autres avis sur Assassin's Creed: Unity

Assassin's Creed: Unity
AntiochosMegas
7

Paris risqué, Paris outragé... mais à visiter !

Avant tout, je vais essayer de ne pas trop cracher sur ce jeu en tant qu'opus de la licence AC que j'apprécie et de plutôt relativiser son bon côté en tant que jeu open world, certes casualisé mais...

le 27 nov. 2014

37 j'aime

6

Assassin's Creed: Unity
Marc_C_
7

S'appeller "Unity" quand on divise les joueurs, c'est un comble (attention y a des spoilers)

Pour commencer, je ne vais pas cacher que ça me fait chier de mettre que 7. Franchement, Assassin's Creed Unity ne méritait pas ça, tant il pouvait, avant sa sortie, faire figure de messie en...

le 17 nov. 2014

36 j'aime

6

Assassin's Creed: Unity
MaSQuEdePuSTA
6

1789 : la Révolution sans Fraises.

Dire d'un titre pareil qu'il constitue une déception... nécessiterait une forme de capacité à l'optimisme en ce qui concerne Assassin's Creed dont je ne suis plus capable depuis des années. Ce n'est...

le 30 nov. 2014

27 j'aime

7

Du même critique

Assassin's Creed
Dioclès_D
7

Reçu avec mention.

Après une arrivée très honorable de Warcraft sur le grand écran, c'est au tour d'Ubisoft de laisser un de ses produits phare tenter sa chance au cinéma. Assassin's Creed arrive donc, réalisé par...

le 2 janv. 2017

3 j'aime

4

Jujutsu Kaisen
Dioclès_D
7

Finalement une bonne surprise.

Arrivé au bout des 139 chapitres publiés à ce jour, je reconnais que Jujutsu Kaisen est un bon manga. Si je trouvais au début que l'histoire allait très vite, je me rends compte finalement que ce...

le 26 févr. 2021

1 j'aime