Il y avait eu pas mal de levées de boucliers à l'annonce de Brotherhood, pour la simple raison que ce dernier sortait un an seulement après le 2.
En gros, la seule chose que Assassin's Creed : Brotherhood recycle du 2, c'est le contexte : l'Italie de la renaissance. Du coup, niveau architecture & co, on est plutôt en terrain connu, il n'empêche que l'aire de jeu est travaillée, variée et toujours splendide. Même après le passage de RDR, ce jeu est une merveille graphique et esthétique, en dépit de petits soucis techniques (clipping & tearing). Entrevoir au loin le château Saint-Ange, escalader le Colisée, contempler la basilique Saint-Pierre... il n'y a pas à dire, la reconstitution est toujours splendide, et si l'aperçu donné de Rome à la fin du 2 faisait envie, le résultat final se montre clairement à la hauteur. En se concentrant sur une seule aire de jeu (plus petite que tous les environnements de AC2 réunis, logiquement), on obtient un level-design plus soigné encore, des zones moins génériques, bref, c'est un pur plaisir de ce point de vue là.
Passons sur les nouveautés traditionnelles apportées par une suite : nouvelles armes, mouvements, etc. Les deux apports principaux de Brotherhood, au niveau du solo, sont avant tout le système de confrérie, qui permet d'entrainer ses propres assassins et de les employer sur le terrain. C'est réussi et excellent, avoir son propre QG, être à la tête des assassins... de quoi rendre le charismatique Ezio encore plus emblématique, c'est qu'on le suit depuis environ 30 ans. Deuxièmement, il y a tout ce qui concerne la partie annexe. Brotherhood propose une tonne de choses à faire : des missions à remplir, des zones à libérer de l'emprise des Borgia, des tombeaux (toujours aussi excellents) à visiter, des machines de guerre (c'est nouveau et assez fun) à mettre hors service après avoir fait joujou avec bien sûr... le résultat est une durée de vie immensément supérieure aux autres titres du genre, open-world ou non. Et surtout, ce sont de vrais à-côtés de qualité, qui nous font souvent sortir de l'aire de jeu telle qu'elle est prédéfinie. Mais ce qui est intéressant, c'est que la licence en général a toujours à cœur d'implémenter ce nouveau contenu avec l'idée en tête de favoriser l'immersion. Vous commandez ainsi vos assassins depuis votre propre QG. Pour les envoyer en mission, transmettez leur vos ordres à l'aide de pigeonniers. Vous voulez réduire la zone d'influence des Borgia sur un quartier ? Brûlez la tour qui représente leur autorité. De même, pour accroître vos revenus, il faut rénover la ville, acheter échoppes & monuments.
Une caractéristique certes présente depuis le premier AC (et le second, pour toute la partie économique), mais ici étoffée avec des ajouts bienvenus.
Au niveau des missions principales, pas de quoi être surpris par contre, c'est du solide, malgré quelques soucis de calibration (des filatures foireuses, des objectifs pas toujours clairs, des échecs frustrants). Tout comme dans AC2, les premières séquences sont assez didactiques, même si contrairement à ce dernier le jeu débute sur les chapeaux de roue. Mais peu à peu, les missions se veulent plus intéressantes, variées et laissent le joueur mettre à profit son talent d'assassin. La formule combine toujours jeu d'infiltration et beat'them'all, mais les combats simplistes et répétitifs sont toujours d'actualité... visuellement, ils déchirent (les animations et les finish sont jubilatoires), mais l'intérêt ludique est plus que limité.
Là où le bat blesse, c'est au niveau de l'histoire... il y a des choses intéressantes, mais ça ne mène à rien, on n'obtient aucunes réponses, c'est confus et pas toujours bien raconté. Dommage car Ezio est un personnage intéressant, et la narration est parfois plutôt ingénieuse. Mais tout le trip autour d'Abstergo est vraiment trop brouillon et chiant. Ce qui se passe du temps d'Ezio est au mieux classique, au pire rébarbatif et redondant par rapport au 2.
Niveau multi, je n'ai pas assez joué pour donner un avis plus détaillé que ça. Tout ce que je peux dire c'est que ce n'est clairement pas un ajout fait à la va-vite. On sent la patte des gars qui ont pondu le multi de Splinter Cell 2. Ceux qui aiment les modes multijoueurs un tant soit peu originaux et qui sortent un peu du carcan habituel des FPS pourraient très bien y trouver leur compte. Pour ma part, je m'amuse dessus pour le moment, ni plus ni moins.
Au final, je pense que bien des suites "légitimes" devraient s'inspirer de ce "2.5" qui, en un an, a accomplit des progrès assez conséquents, supérieurs à ce que bien des suites proposent en un laps de temps bien plus long. La licence s'étoffe énormément d'opus en opus, en proposant toujours plus de contenu implémenté avec pertinence, ce qui lui permet de cacher ses défauts intrinsèques qui eux, ne sont que très lentement gommés.
Jben
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le 6 janv. 2011

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Jben

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