Amour et les fleurs ne durent qu'un printemps

Flowers est une série de jeux visual novel nous plongeant dans le quotidien de jeunes étudiantes dans une école catholique où l'amitié et l'amour se côtoient. Nous suivons la timide Suoh, fraîchement arrivée dans ce nouvel établissement, qui a pour objectif de se faire des amies et d'essayer de se détacher de son enfance traumatique. Ces prémices printanières sont remplies de douceur et de poésie, mais j'ai malgré tout trouvé que certains aspects restaient encore un peu à l'état de bourgeon.

❤ L'esthétique du jeu est vraiment bien travaillée, que ce soit au niveau du menu, des illustrations, des sprites et même de la fenêtre de texte. C'est fleuri, c'est tout doux et mignon et donc totalement en accord avec l'atmosphère calme et romantique que dégage l'histoire.

❤ Sous ses airs d'innocence et de pureté, le jeu aborde des sujets assez sensibles, comme l'abus psychologique, les troubles du stress post-traumatique, la négligence...mais tout en restant très pudique dans son approche. Aussi, du point de vue de son thème autour du girl's love, j'ai apprécié que le personnage se pose des questions sur sa sexualité et que ce ne soit pas quelque chose de forcément acquis. Ses réflexions sur la fine ligne pouvant exister entre l'amour entre amies ou un amour plus profond étaient selon moi des sujets très identifiables, surtout pour un personnage de cet âge là.

❤ Le développement du personnage principal est très bien amené selon moi. Elle s'ouvre petit à petit au monde autour d'elle, ses dialogues deviennent moins indécis et on la sent au fur et à mesure plus détendue dans ses rapports avec les autres. On n'élimine pas pour autant sa timidité, faisant partie pleine de sa personnalité, mais on voit malgré tout Suoh gagner en confiance et en assurance. J'ai connu beaucoup trop de médias où on avait tendance à bien vite rayer le trait timide d'un personnage qu'on veut faire évoluer, comme si c'était quelque chose à "corriger" donc j'ai été rassurée que cela ne soit pas le cas ici.

❤ Les personnages secondaires sont tous très attachants (plus que les love interests, c'est un peu dommage) et ajoutent beaucoup de dynamisme dans la vie de cette école. Mention spéciale pour Erika (qui aura à priori un volet centré autour d'elle, *bless*) qui a le mérite d'avoir la meilleure affinité avec l'héroïne, et qui aurait clairement dû être un love interest (ou au moins gagner le statut de meilleure amie parce que franchement, c'est la goat).

+/- Les musiques interprétées par les cordes frottées et le piano sont parfaites pour accompagner les scènes mais elles ne sont pas très nombreuses. Une musique en particulier occupe l'espace sonore à 80% et bien qu'elle soit longue et belle à l'oreille, la redondance musicale se fait parfois ressentir. Il y a également selon moi un problème de balance sonore car il m'a fallu baisser le volume de la BO au maximum pour pouvoir faire ressortir au mieux les voix des actrices de doublage, qui interprètent très bien leur rôle, ça aurait été dommage de ne pas en profiter.

+/- L'histoire est agréable à suivre et se joue comme un slice of life avec des petites histoires de la vie quotidienne de ces adolescences. Personnellement, j'ai bien aimé cette approche, mais certains pourraient reprocher le manque de moments plus intimes avec les LI. En revanche, je trouve les 2 derniers chapitres presque inconsistants ; les relations se précipitent soudainement, et l'attitude d'un des personnages principaux changent drastiquement au point de devenir toxique, sans aucune réelle transition et sans conséquence à la fin. C'est assez déroutant et j'ai même été rebutée de jouer la route de ce personnage après coup (car en plus sa route ne se débloque qu'après avoir fini la "true end", chose qui a aucun moment n'est précisée d'ailleurs). Il faut également prendre en compte que la "true end" finit

ce qui laisse un goût assez amer après avoir fini le jeu dans son entièreté. C'est un parti pris osé mais auquel j'ai moyennement adhéré.

✖ Suoh se prête par moment à des jeux de déductions où l'on devra être attentif aux petits détails pour résoudre des situations énigmatiques (autrement, c'est game over). Le problème, c'est que ces "enquêtes" sont extrêmement difficiles car elles touchent soit à des jeux de mot autour de kanjis qui ne sont pas traduits ou alors demandent des connaissances ultra pointues qui ne sont à aucun moment évoquées dans l'histoire. Se munir d'un guide devient alors quasi obligatoire...

✖ D'habitude, je ne prête pas trop attention au cliché de la féminité dans les jeux japonais (ça ne me dérange pas forcément) mais cela a beaucoup trop été appuyé par moments avec des remarques assez gênantes; des filles hors de la norme de douceur/politesse se font appeler garçon manqué, on met bien souvent l'accent sur la poitrine plus développée de l'héroïne ce qui la rend plus "femme" que les autres, et l'on met beaucoup trop de cases sur ce qu'est d'être "une vraie fille". Le jeu n'est pourtant pas si vieux (2014) mais il le paraît :/

✖ Pas mal de typo dans la traduction anglaise, avec des lettres mélangées ou des lignes de dialogue qui se répètent. J'ai même eu le droit à du texte blanc sur un fond blanc, du génie !

C'est donc un premier volet plutôt réussi à mes yeux bien qu'assez frustrant au niveau de sa conclusion, qui je pense veut nous pousser à entamer la suite. J'ai d'ailleurs entendu dire que les jeux suivants étaient bien mieux et se focalisaient davantage sur les personnages secondaires, ce qui m'intrigue d'autant plus. En tout cas si vous aimez les romances florissantes sous fond de tranches de vie, votre printemps en sera sûrement plus verdoyant.