Dominique Pamplemousse in "It's All Over Once the Fat Lady Sings !" par Plumtoo

Si j'ai appris une chose sur moi-même en me cultivant, c'est que je suis plutôt bon public. J'entends par là que j'arrive à apprécier une oeuvre sans prendre en compte sa thématique ou son genre, j'ai dans mes références autant de films d'auteur français que de blockbusters hollywoodiens, autant de livres de SF que de classique de la littérature russe, autant de comics de super-héros que de bandes dessinées humoristiques franco-belge. Mais j'ai bien conscience qu'à la manière de l'horrible phrase "J'écoute de tout" cet état de fait ne peut pas être véritablement exact, et en y réfléchissant j'ai trouvé un genre que je ne supporte pas : la comédie musicale. Voir des personnages chanter leurs aventures sans que cela n'ait aucun rapport avec le contexte m'a toujours particulièrement gêné, que ce soit sur scène ou sur un écran (la seule exception reste à ce jour l'incroyable Rocky Horror Picture Show).

Pourtant j'ai été intrigué par ce Dominique Pamplemousse, dont l'une des principales particularités est justement d'être une comédie musicale mais sous forme de jeu vidéo. Il faut dire que j'ai toujours aimé les concepts qui sortaient un peu de l'ordinaire (je suis l'une des 26 personnes de ce site à avoir mis We Love Katamari dans son Top 10, si ça c'est pas une preuve), et dans le genre ça se pose là. Mais l'originalité de Dominique Pamplemousse tient aussi du fait que les décors ainsi que les personnages sont uniquement fait de pâte à modeler et de carton, le tout animé en stop motion. On se retrouve donc avec des personnages aux designs aussi improbables que leurs voix fausses et criardes, totalement cohérentes avec l'aspect barré du titre. Une performance qu'on doit à Deirdra Kiai, unique développeur aux commandes du jeu qui a tout fait tout seul comme un grand, de la musique aux personnages grâce au miracle du financement participatif.

Mais de quoi ça parle Dominique Pamplemousse ? Dominique Pamplemousse (oui j'adore ce nom alors je le case dès que je peux) raconte les aventures de Dominique Pamplemousse (je vous ai prévenu), un(e) détective privé(e) qui se retrouve menacé(e) d'expulsion de son appartement miteux parce qu'il/elle est complètement fauché(e). Mais par chance, une grande productrice de musique pop va faire appelle à ses services pour retrouver sa plus grande star disparue depuis peu. Dominique Pamplemousse, voyant là une chance inouïe de combler ses dettes, décide d'accepter l'affaire.

Je suis volontairement resté évasif quant au genre du personnage de Dominique Pamplemousse et ce n'est pas pour rien car il s'agit d'un des deux thèmes récurrents du jeu. Tout au long de son aventure, les personnages ne savent pas si ils doivent appeler Dominique Pamplemousse "monsieur" ou "madame", "il" ou "elle", ce à quoi Dominique Pamplemousse répondra à chaque fois qu'il/elle s'en fiche royalement. Un jeu qui évoque la question du genre avec un personnage sexuellement neutre, voilà une idée qu'elle est bonne... bonne mais pas exploitée du tout, et c'est là le plus gros reproche qu'on puisse faire à Dominique Pamplemousse : être un jeu qui aborde une thématique aussi épineuse avec un point de vue intéressant mais qui n'y apporte aucune véritable réflexion, s'en servant seulement de running gag (il en est d'ailleurs de même pour le deuxième thème du jeu, à savoir l'aspect cruel et opportuniste de l'industrie du disque). Un point particulièrement frustrant, d'autant que le jeu ne brille pas vraiment par son gameplay ni par sa durée de vie ; on a en effet là un point & click d'une simplicité extrême qui se bouclera en une petite heure.

Dominique Pamplemousse reste donc un jeu intéressant pour son concept original, mais qui aurait mérité beaucoup plus de profondeur dans son propos pour devenir une véritable pépite.