« Pour le Ku Klux Klan, Zelig, un juif capable de se transformer en Noir ou Indien.."
Vous voilà Allen, sur un plateau d'argent, vous pouvez ainsi goûter à sa décadence grandiose et profonde.
Zelig est sûrement un des films les plus personnels de Woody, lui qui nous a habitué à sa présence dans des rôles très proches du sien mais réels et concrets dans sa vie ( père, amant, psychologue, critique.. ) dans ce film en particulier, il joue le rôle abstrait d'un homme qui tel un caméléon change ses traits physiques et psychologiques pour s'adapter aux gens qui l'entourent, à cause d'une maladie. Et si le personnage ne nous parait pas réel mais fantastique, il n'a jamais été plus caractéristique de la personne d'Allen en réalité.
Un homme qui craint le monde, qui craint la société et surtout qui craint de ne pas être à l'hauteur de cette même société qui l’oppresse et l'entoure, voilà qui est Allen. Cette crainte le pousse à vouloir changer, s'adapter pour être accepté. En dehors de l'histoire ( que je ne spoilerais pas, bougez-vous les fesses et allez le voir bande de gnus ), c'est sur le personnage qu'on se concentre vraiment. La réflexion autour de Leonard Zelig est très poussée : on y voit donc comme dit auparavant le mal être de la société et de ceux qui en font partie, mais.. Comme le rappelle mon titre, est-ce que cette réflexion s'applique à tout être humain ? Leonard est juif, on le voit se transformer en indien, il peut se transformer en noir.. Il représente les minorités ( ou majorités "différentes" à chacun sa vision des choses.. ) qui sont mises à l'écart de la société, c'est un film un peu politique après tout, qui dénonce la ségrégation raciale appliqué à tout ce qui est en dehors du groupe " blanc et catho " ( ce qui du coup, met à part les blancs cathos, c'est à dire qu'il y a un phénomène de " ségrégation inversée" envers ( remarquez la super assonance ) eux, puisqu'ils font un peu seuls contre tous, paradoxes quand vous nous tenez.. ) et donc des gens qui ne se sentent pas à leur place dans un nouveau monde, qui finalement ne leur en laisse pas vraiment.
Mais d'un autre côté, Leonard pourrait aussi très bien se transformer en petit nazi s'il le voulait..
*humhum*
Du coup, du point de vue technique, le film rassemble à un documentaire : nous y avons des interviews, et des images d'époque qui se mêlent parfaitement aux images tournés par Allen, au point que nous ne saurions plus discerner le réel du faux. Je ne m'étalerais pas sur les plans, dont certains très riches de sens ( par exemple une des premières scènes s'ouvre avec des plans sur des standardistes suivis d'un grand plan sur une bouche, le monde entier semble s’intéresser à l'affaire de cet homme étrange.. )
Bref, même si vous n'êtes pas phanas de Woody, c'est un film qui peut être apprécié de par son côté absurde et réel contemporainement. Et surtout, la morale finale, envoie du pathé à balle :
: « Soyez vous-mêmes. Ne copiez pas les autres en croyant qu'ils en savent plus que vous. Soyez votre propre maître et apprenez à dire ce que vous pensez »