Satire loufoque d'une société cauchemardesque

Comment devenir l'ennemi public numéro un pour avoir oublié sa carte de fidélité du magasin ? Cela arrive à Fabrice, un acteur reconnu, au moment de payer ses achats. Constatant la panique de la caissière, un vigile intervient en déraillant dans les aigus. Fabrice le braque avec un poireau, échappe à ses grosses pattes. Cavale en voiture, adieu à sa femme et à son fils, tout s'enchaîne dans le meilleur des mondes possibles. La police s'ébranle vaille que vaille et les médias transforment un non évènement en psychose nationale...

Dans un cinéma quasi désert, je ris franchement aux situations invraisemblables de cette comédie burlesque. Nos habitudes de citadins bradant nos libertés pour un confort matériel et social illusoire nous sautent aux yeux. Coterie des acteurs solidaires ou arrivistes, médias exploitant cyniquement la peur, police peuplée de bras cassés, obsession pathologique de faire des films de n'importe quoi, relations de couples calamiteuses, soutien psychologique artificiel... Le salut semble être dans la fuite en Lozère, un paradis éloigné du cauchemar climatisé.

Ce comique satirique m'amuse, je l'avoue. Vous ne pouvez exhiber les innombrables cartes obligatoires ? Pauvres inconscients, vous risquez gros ! Mais les défenseurs de l'ordre social, quel qu'il soit, les encartés bienheureux et les grincheux grinceront des dents. Les gags se succèdent : braquage au poireau, police à la ramasse, "trahison" du GPS contre son conducteur, obsession du complot juif, défenestration d'une ado en révolte, émotions des personnages à contretemps ou hors de propos... Dans cet exercice délicat, les acteurs, connus ou inconnus, sont crédibles. Le film de François Desagnat ne s'essouffle pas trop, persiste en loufoquerie et ne sombre pas dans un dénouement caricatural.

lionelbonhouvrier
6

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le 7 mai 2022

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