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Après nous avoir servi le très bon Man of Steel et un Batman v Superman qui fait débat encore jusqu’à aujourd’hui (personnellement il est réussi, surtout dans sa version longue), Zack Snyder entama le projet Justice League, qui continua les évènements des deux films, tout en introduisant de nouveaux personnages et de nouveaux enjeux. Mais malheureusement, le réalisateur a connu une malencontreuse tragédie avec la mort par suicide de sa fille Autumn, qui le contraint évidemment à quitter le tournage. Le studio aurait pu attendre son retour pour terminer le film… Que nenni. Warner Bros. avait déjà un plan pour continuer sans Snyder, et ont choisi Joss Whedon pour prendre sa place. Ce choix même envoyait un message assez clair au public : le studio ne souhaitait pas poursuivre sur la vision de Snyder, sérieuse, sombre, épique, préférant une variante comique, pleine de couleurs et légère… En gros, un film Marvel. Et cela tombe bien, car Whedon est déjà passé dans l’autre écurie pour mettre en scène Avengers et sa suite, l’Ere d’Ultron. Tiens, tiens, tiens… Du coup, qu’est-ce qui change, me diriez-vous ? Eh bien, je vous dirais beaucoup de choses ...


Hey Whedon, on a besoin de toi là.


La durée du film est réduite en poussières, avec ses 2h pile-poil, comparé aux 3h34 filmé par Snyder en 2016, ce qui va subir de gros changements dans le scénario, à savoir des personnages comme Cyborg (ce qui ne va pas plaire à Ray Fischer, son interprète), l’antagoniste Steppenwolf est réduit à un simple rôle de méchant sans véritable motivation autre que de régner (en plus de ne pas être pas intimidant), ainsi que l’absence de son maître Darkseid, les fameuses Mother Boxes, dont leurs capacités ne sont pas vraiment expliqués, et puis quelques bonnes incompréhensions pour saupoudrer le tout. L’ambiance dark et violente est jettée à la poubelle, la bande originale ultra épique et masculine introduit depuis Man of Steel avec Hans Zimmer et Junkie XL est remplacée par une autre beaucoup plus classique, subtile et orchestrale, composé par le vétéran Danny Elfman, qui est l’auteur de nombreuses musiques super-héroïques largement connus (Batman 1989, la trilogie originale Spider-Man), qui, malgré d’être vraiment sympathique dans l’ensemble, dénote sans surprise avec les thèmes musicaux déjà établis (mise à part le thème de Wonder Woman). Et je ne vous parle même pas du budget de production qui a flambé à cause de tout ce bordel (on parle d’un budget de 300 millions de dollars sans les coûts marketings, rien que ça). Et résultat des courses... la Whedon Cut (ou la « Josstice League ») amasse moins de sous que Batman v Superman (657 millions de dollars et 873 millions de dollars respectivement). Niveau cassage de gueule, on est à un niveau assez élevé.


Et c’est aussi autour du public de renvoyer un message à Warner Bros., message qui sera relayé sur Twitter pendant quasiment 4 ans, et par un simple hashtag : RELEASE THE SNYDER CUT, demandant, suppliant, exigeant, à coup de pétitions, voire carrément menaçant (ah les extrémistes) le studio le retour du réalisateur pour finir ce qu’il a commencé. Puis, en mars 2020, les fans ont obtenu justice : le tournage de la version originale du film va être effectué, le studio débloquant un budget assez conséquent de 70 millions de dollars (on monte à 370 millions de budget du coup...), pour une sortie le 18 mars 2021, uniquement sur la plateforme de streaming HBO Max, avec grand succès. La Snyder Cut est un cas d’école dans l’industrie par rapport à son contexte : jamais une director’s cut n’aura engrangé une telle demande de la part du public. Mais du coup, est-ce que cette nouvelle version ultra longue de 4h02 est meilleure que la version cinéma ? La réponse est naturellement oui, mais à quel point ?


Glow Up


Considérez Justice League 2017 comme une version démo d’un jeu vidéo, après y avoir joué un certain nombre de temps, il faudra payer pour avoir la version complète, avec quelques mises à jour. Au niveau de la mise en scène, on remarque d’entrée de jeu que c’est bien Snyder derrière la caméra, il n’y a aucun doute à se faire. Dès les premières images, il nous revisite la mort de Superman avec un énorme ralenti. Ce ralenti sera présent sur une bonne majorité des scènes, parfois utilisé à bon escient (le premier sauvetage de Flash est assez magnifique), parfois pas vraiment nécessaire (Victor Stone aka Cyborg et son match de foot américain). Cela rallonge potentiellement la durée du film. Mais je ne vais pas m’attarder trop sur ces ralentis, je vais plus m’attarder sur le format que le réalisateur a utilisé pour le compte de ce Snyder Cut. En effet, toutes les séquences du film ont été filmés au format natif de la caméra de 4/3 (ou au ratio 1 :33), qui est le format académique du cinéma. Cela marque un gros changement par rapport à la version 2017, qui a été recadré en 16/9. En conséquence, il y aura plus d’informations en bas et en haut de l’image, on n’aura pas cette impression que les décors soient étriqués, au contraire, le format va les sublimer, va leur donner de la grandeur. Et c’est là l’un des meilleurs choix esthétiques que Snyder ait pu faire, car certains plans sont d’une grande beauté grâce au 4/3, il y a cette sensation d’espace qui est non négligeable. Couplez ces plans avec une lumière quasi divine, au ton parfois chaleureux, une colorimétrie qui semble être très légèrement dorée, et certains effets visuels plutôt maitrisés, et cela donne des plans qui semblent tout droit sortir de peintures. Ces éléments participent à l’aspect épique et grandiose du film. Aussi, le fait d’avoir remis de nouveau les séquences originales, le déroulement des scènes se fait de manière plus logique et naturel. Non, vous ne verrez pas cette séquence d’intro de Batman avec le voleur et le Paradémon explosé qui révèle un dessin de la Mother Box, ne vous inquiétez pas… Ni Superman filmé au téléphone, avec sa fauche bouche. Ah oui, j’avais oublié : du sang, et de la violence, il y en a, pas autant que j’espérais, mais c’est bien présent.


Comme mentionné plus tôt, quelques éléments du scénario ont été modifiés pour respecter la limite des 2h. Enlevé de ses limites, la Snyder Cut va pouvoir véritablement exploiter son récit, à améliorer le traitement des personnages, à prendre du temps. Celui qui a bénéficié le mieux de cette amélioration est sans nul doute Cyborg, à qui on lui donne une véritable backstory, de véritables motivations, c’est ce personnage qui va aussi faire, en partie, justifier certains points de l’histoire qui n’était pas vraiment clarifié dans la version cinéma (notamment le retour de Superman). Il est l’un des pilliers les plus importants du script. Flash (Ezra Miller) joue aussi un rôle assez important, surtout au niveau de ses pouvoirs. Il sera légèrement approfondi au fil du long-métrage, mais malgré ces petites touches, le jeu de l’acteur n’est toujours pas intéressant, et le personnage est toujours un side-kick. Concernant les méchants, Steppenwolf est de retour, cette fois plus convaincant que sa dernière apparition totalement foirée. Il a subi une nouvelle refonte niveau esthétique, avec une armure vachement chromée et piquante, il est plus imposant et assez menaçant, mais aussi et surtout… il a des motivations ! Bravo ! On ne le verra pas voler les boîtes en scred sans qu’il aille se combattre. On découvre aussi le maitre de Steppenwolf, notre cher Darkseid, encore plus intimidant que son collègue, le roi de la planète Apokolips, qui veut conquérir et détruire notre vieille planète bleue. Le film ne nous montre pas encore ses véritables capacités destructrices ; au contraire, on le voit dans un flashback se faire trancher l’épaule, presque à la façon Thanos (d’ailleurs c’est très étonnant : si la version actuelle de Justice League est bien sortie en 2017, cela aurait devancé la scène d’Avengers : Infinity War). Du coup on le verra peut-être dans les suites… Peut-être.


Never change


Il y a bien quelques soucis à mettre en lumière sur ce film, malgré les grandes améliorations. D’une part, la durée va vous sembler être une purge, surtout ceux qui n’ont tout simplement pas l’habitude de regarder un long-métrage de quatre heures ; mais heureusement, Zack Snyder a découpé les scènes en plusieurs parties, et elles sont utiles : vous pouvez aller faire une petite pause toilette, ou encore aller chercher à manger. L’épilogue semble ne pas avoir de fin, comme un Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi, sauf qu’ici, on sent très bien que des scènes ont été ajoutés au fur et à mesure. Certaines petites séquences auraient pu passer à la trappe, mais on peut comprendre leur présence dans la Snyder Cut. La présence de Loîs Lane, tout du moins en première partie, reste un peu anecdotique, on la voit se recueillir et faire le deuil de son Superman. Quelques dialogues soufflent le chaud et le froid, entre quelques discussions entre Bruce Wayne et Alfred qui sont vraiment sympas (« Cette cape rouge ne recule pas ») et… celle de Diana Prince pendant l’affrontement contre Superman, en anglais, qui n’a quasiment pas changé depuis celle de 2017 : Gal Gadot dit « Kal-El, no ! » avec toute la flemme du monde. Les effets visuels aussi sont parfois pas très réussis, mais on peut mettre cela au dos du temps demandé pour finir les plus de 2600 plans avant mars 2021.
La musique de Danny Elfman est remplacée de nouveau par celle de Junkie XL (aka Tom Holkenborg), ce dernier réécrivant tout le travail qu’il avait déjà effectué avant le remplacement du réalisateur. Il compose de nouveaux thèmes pour Batman, Aquaman, Cyborg, la team, les antagonistes et revisite le thème de Wonder Woman introduit dans Batman v Superman. Le style musclé de la bande-son est restauré, et le résultat n’est pas si mauvais que ça, Holkenborg n’hésite pas à glisser un peu de subtilité dans ses sonorités. Certains moments dévirent complètement dans le rock, ce qui colle complètement avec l’image ; mais malgré que ce soit une composition fun et qu’il colle justement à cet univers, celle Danny Elfman sera à un niveau légèrement supérieur, mais juste un peu.


Conclusion :


Que dire ? Le Zack Snyder’s Justice League est, malgré quelques défauts, bien supérieur sur quasiment tous les plans que la Josstice League, et montrant avec succès la véritable vision du metteur en scène. Cependant, s’il va plaire aux fans, les spectateurs moins avertis vont peut-être ne pas avoir la même sensibilité, trouvant le film un peu trop long. Mais si vous n’avez pas peur de la durée, allez-y !


La note donnée au raaaaaleeennnnnttiiiiiiiii : 7.1/10

LucasCR
7
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Créée

le 30 mars 2021

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LucasCR

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