Yves Saint Laurent - Pierre Bergé, l'amour fou par Irina

Depuis la mort de Yves Saint Laurent en 2008, on n'a de cesse de lui rendre hommage. D'abord avec la rétrospective au Petit Palais cet été exposant 40 années de haute couture, puis avec la chanson d'Alain Chamfort Une vie Saint Laurent.
C'est au tour du cinéma d'apporter sa contribution avec le documentaire de Pierre Thoretton Yves Saint Laurent – Pierre Bergé, l'amour fou. Le film se propose de revenir sur leur histoire d'amour (qui dura 50 ans !), l'impact de YSL sur le monde de la mode, ainsi que sur la vente des oeuvres d'art de ces fervents collectionneurs.
Le film nous fait vivre quelques beaux moments, notamment grâce aux documents d'archive. Les photos des nuits d'ivresse de YSL accompagnées de ses muses sont enthousiasmantes. De même, celles du couple dans leur maison au Maroc nous montre le créateur apaisé et heureux. Ce côté de YSL se trouve en total décalage avec l'homme « né avec une dépression nerveuse », selon l'expression de Pierre Bergé.
Mais la faiblesse du documentaire réside dans les séquences filmées par le réalisateur qui se révèlent parfois anecdotiques (voir Pierre Bergé aller boire un café n'est pas si intéressant...). On aurait pu s'attendre à des plans davantage soignés, de manière à créer une harmonie entre la partie contemporaine, les documents d'époque au charme vintage et la personnalité d'esthète du couple. Or il n'en est rien. On a l'impression que la caméra filme un peu au hasard, sans vraiment réussir à capter l'essence-même de son propos.
Le récit de Pierre Bergé constitue la trame du film, et témoigne de son amour pour YSL, tout en pudeur. Il fait également preuve de beaucoup de recul vis-à-vis de leur parcours. Peut-être trop. Finalement tout cela ne reste qu'une évocation de ce que fut YSL. Le film ne fait que survoler son sujet. De fait il s'attache à raconter trois pans différents de la vie de YSL. Or ceux-ci mériteraient qu'on leur consacre un film chacun.
Le spectateur ressort frustré du film. On attendait davantage de cet « amour fou ».