« Mais j’ai pas payé pour voir de l’art moi ! »

Quentin Dupieux, cinéaste iconoclaste, s'est taillé une place à part dans le paysage cinématographique. Connu sous le pseudonyme de "M. Oizo" dans le monde de la musique électronique, Dupieux a apporté cette créativité audacieuse à ses films. Son long métrage "Rubber" (2010) a captivé les spectateurs en mettant en scène un pneu tueur doté de pouvoirs télékinésiques, une exploration absurde de la nature du cinéma lui-même.

Le cinéma absurde de Quentin Dupieux, caractérisé par des intrigues « étranges » et des situations décalées, s'avère étrangement captivant pour le public. Son talent à tisser des histoires loufoques, comme une obsession pour une veste en daim dans « Le Daim » ou encore l’apprivoisement d’une mouche géante dans « mandibules »crée une expérience cinématographique singulière. 


Son cinéma  excelle dans la création de personnages mémorables grâce à un casting souvent formidable (Chabat, poelvoord, judor, Ludig… dernièrement Quenard). Ses films dévoilent un jeu d'acteur authentique, les interprètes s'immergeant avec brio dans l'absurdité des scénarios. Les dialogues, souvent déconcertants (écrits mot pour mot par Dupieux) ajoutent une couche de comédie noire et d'intelligence à ses œuvres.


La filmographie du réalisateur divise les critiques, mais force l'admiration pour son originalité et sa capacité à défier les conventions. Chaque film est une plongée dans l'inattendu, confirmant que l'univers cinématographique de Quentin Dupieux est une réelle expérience.


Cette année Dupieux revient avec Yannick, long métrage d’une heure. Le public se trouve plongé dans un divertissement porté par une répétition de situations comiques dans un huis-clos. L'interprétation de Raphaël Quenard (qui se fait de plus en plus un nom) est caractérisée par une aisance telle que la frontière entre le public du cinéma et celui évoluant dans le film devient floue. Yannick se profile également comme un film traitant des individus excentriques, des « dérangés ». Il explore le thème de la solitude avec un mélange d'humour, de tendresse et de compassion. Le protagoniste atypique suscite l'émotion, car malgré sa prise d’otage, ses justifications lunaires, ses paroles dégagent une étrange cohérence. 


Au delà du comique, cette satire des pièces de théâtre soulève quelques thèmes intéressants comme le rôle de l’art et du spectacle, la nature humaine qui émerge sous la menace...Dupieux se renouvelle avec Yannick. Angoissant, ce film en finit par être émouvant, touchant. 

Budget minuscule, 6 jours de tournage. En somme Dupieux tend à démontrer que la qualité prévaut sur la durée. 

AlexisDernis
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le 16 déc. 2023

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Alexis Dernis

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