J'avais quitté Takashi Miike il y a à peu près cinq ans sur une excellente surprise (13 Assassins) et sur une impression mitigée (sa relecture du Harakiri de Kobayashi), pas franchement chaud pour me plonger dans la suite d'une filmo toujours aussi foisonnante mais paraissant (du moins au premier abord) aseptisée, prisonnière du système japonais. Mais l'occasion faisant le larron, j'ai pu découvrir son récent Yakuza Apocalypse et peut-être, retrouver l'envie de suivre le cinéaste foufou.


Ce qui choque dans un premier temps avec ce nouvel essai du trublion nippon, c'est le gouffre entre un formalisme qu'il semble emprunter depuis au moins 13 Assassins (encore une fois, d'après ce que j'ai vu du bonhomme), loin des tournages guerilla qui étaient sa marque de fabrique entre la fin des années 90 et les années 2000, et un récit complètement barré, sans grande ligne narrative, parfaitement dans l'esprit d'un Dead or Alive.


Un retour à une liberté de ton à double tranchant, à la fois réjouissant dans ce qu'il peut offrir en terme d'envolées délirantes et absurdes (le coup des yokais, génial), mais qui montre aussi les limites d'un long-métrage certes soigné esthétiquement, mais désespérément vide, interminable quand il s'attarde sur des personnages dont on a absolument rien à carrer.


Capable autrefois d'apporter une véritable énergie dévastatrice au pitch le plus con, Takashi Miike semble en être incapable aujourd'hui, au contraire de son compatriote Sono Sion. Bien trop long, souffrant d'un sacré ventre mou au bout de vingt minutes, Yakuza Apocalypse se reprend heureusement dans ses trois derniers quarts d'heure, offrant enfin un concentré de what the fuck franchement sympa... avant de réduire notre érection à néant en stoppant son film juste au moment où les choses devenaient enfin sérieuses.


Je ne sais donc pas trop quoi penser de ce Yakuza Apocalypse, coincé entre moments dantesques de pure folie réductrice et longues plages d'ennui, entre écrin relativement joli et histoire sans queue ni tête frôlant le foutage de gueule. Ce qui est sûr, c'est que les prochains projets du metteur en scène m'intriguent autant qu'ils me font flipper grave.

Gand-Alf

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5

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