En 1974 sortait Yakuza de Sydney Pollack, film qui allait, au-delà de ses propres qualités, influencé bon nombre de réalisateur emblématique. Retour sur cette œuvre culte.


Premier script de Paul Schrader sur une idée de son frère ayant séjourné au Japon et aidé par le vétéran Robert Towne (Bonnie and Clyde, Chinatown, A cause d’un assassin). Le film suit Harry Kilmer de retour au Japon pour retrouver la fille d’un de ses amis kidnappés par les Yakuza. Il se fera aider dans sa tache par une ancienne connaissance, ex membre des yakuza et retrouvera au passage son grand amour d’il y a 20 ans.


Plus qu’un simple polar, Yakuza se veut, pour l’époque, une description détaillée d’un milieu peux connue en occident (principe repris entre autre par Black Rain de Ridley Scott, pour le coup beaucoup plus beauf que son modèle). Une description qui montre toutes les oppositions entre ses deux cultures. Opposition que l’on retrouve dans la mise en scène, la caractérisation des personnages et leurs interactions. Après un carton d’ouverture expliquant l’origine des yakuzas et une scène post-générique nous immergeant directement dans les codes d’honneur de ceux-ci, le film bascule dans le point de vue américain avant que les deux ne se confrontent durant tout le reste du métrage. Que cela soit à travers les armes (gros gun VS Katana), les caractères (l’arrogance contre l’humilité), les émotions (les gardées pour soi ou les dévoilées). En prenant le point de vue d’étrangers, le film offre la possibilité aux spectateurs de d’immergés et d’apprendre de cette culture, dont le point d’orgue est, évidemment, le sens de l’honneur. Clef de voute et cœur émotionnelle du film. L’honneur lié aussi à la famille au sens large du terme. Tout ceci est devenu courant et l’exportation du cinéma asiatique a presque banalisé cela. Mais à l’époque Yakuza était une petite révolution au cinéma.


Présenté, au départ, comme un polar noir dans la plus pure tradition avec son détective désabusé, sa musique jazzy et un détournent malicieux de la voix off, le film épouse au fur et à mesure l’esprit et les code du cinéma japonais (aidé par un directeur photo emblématique au Japon : Kōzō Okazaki) amenant le film vers un mix hybride assez fascinant. Avec en fil rouge un romantisme universelle. Une histoire d’amour qui se clôt par une révélation déchirante et qui éclaire les secrets relationnels entres les personnages. Cette intrigue permet, en outre, à Harry Kilmer une introspection touchante pleine de regret appuyé par l’interprétation toute en nuance d’un Robert Mitchum fragile et vieillissant. Ce qui contraste, là encore, avec celle du grand Ken Takakura tout en souffrances non dites derrière son magnétisme affolant. Un duo qui fonctionne parfaitement et qui captive tout du long jusqu’as une scène final bouleversante d’honnêteté et de respect.


Dommage, cependant que Martin Scorsese, très intéresser par le projet, n’est pas été choisi. Car Sydney Pollack film se récit d’une manière un peu trop académique ce qui créer, par instant, un manque de rythme flagrant. Heureusement contre balancé par l’inventivité de la scène du sauna et les 40 dernières minutes avec ce crescendo aussi bien émotionnelle (la mort tragique de certains personnages) que dans l’action (le climax assez violent). Une deuxième partit qui bascule dans le revenge movies jusqu’au-boutiste au point de faire basculer l’un des héros au cours d’un passage dont le montage a du fortement inspiré David Fincher pour son mythique Seven. Une référence plus surprenante que celle de Quentin Tarantino (grand fan du film) pour Kill Bill mais qui montre à quel point Yakuza est une référence en même temps qu’il est un très bon film, certes un peu old school mais très agréable.


VictorTomadini
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le 22 mars 2023

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Victor Tomadini

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