Alors que le film de super-héros se cantonnait, en gros, à Superman et à Batman, que Schumacher avait allègrement violé, dépecé et ringardisé en deux films, Bryan Singer a proposé aux cinéphiles un courant nouveau et rafraîchissant. Avec X-Men, puis X-Men 2, il a prouvé que le film de genre pouvait plaire au grand public et aux "fanboys" sans distinction, et a ouvert une porte dans laquelle se sont engouffrés des dizaines de réalisateurs, Sam Raimi en tête, pour le meilleur (Dark Knight) ou pour le pire (Catwoman? Elektra? choix cornélien). Sauf que, depuis son départ de la franchise, cette dernière a eu tendance à péricliter, alternant suite décevante, spin-off Schumacheresque (Schumaresque, adj : de la même façon que Joël Shumacher, se dit d'un film qui viole une franchise en étant persuadé d'agir au mieux) ou reboot sans saveur.
Le retour du maître aux commandes a donc généré un frisson d'attentes parmi les amateurs de mutants. Surtout lorsque celui-ci annonça s'emparer d'un arc narratif de la saga à la fois dense et complexe. On rêvait de retrouver le souffle épique des premiers films. Il n'en est hélas rien. Sans prendre la place de pire épisode de la série, ce DoFP se place dans les derniers de la classe. Singer reprend les défauts de ses prédécesseurs, en introduisant de manière bâclée des nouveaux mutants dans une sorte de fan-service dérangeant, et se perd dans les méandres d'une histoire trop complexe pour tenir sur un seul film. La mécanique du voyage dans le temps est toujours délicate à utiliser sans se vautrer, et le film ne fait pas exception à la règle.
Au milieu d'un scénario qui traîne parfois en longueur, on retrouve donc avec plaisir les anciens de la série, accompagnés de petits nouveaux trop souvent inutiles ou interchangeables, dans un retour vers le passé trop mal expliqué pour convaincre. Et se termine dans un véritable pompage de Matrix manquant cruellement de suspens et d'enjeux. D'autant que la conséquence de ce film est une remise à plat de la saga, qui renie ses premiers épisodes en ne laissant dans le canon que le First Class plus que tiédasse qui devait relancer la série. En attendant, donc, l'arrivée d'Age of Apocalypse, prochain arc narratif auquel s'attaquera Singer, et annoncé de façon pour le moins fade dans une séquence post-générique qui n'annonce, au final, pas grand chose...
Un retour aux sources pour le moins raté, donc, pour un film annoncé comme le meilleur d'une saga qui n'a pas su se renouveler, et qui peine à retrouver son lustre d'antan. Vouloir repartir de zéro, pourquoi pas? Encore faut-il réussir ce pari. Si la série a encore (probablement) de beaux jours devant elle, elle risque tout de même de pâlir de la comparaison avec des Avengers qui, eux, se bonifient avec l'âge... Et le dernier Captain America en est un bel exemple.