Je ne me souviens plus quand les premières informations sont apparues. Quant il a été révélé que « days of future past » réunirait les deux équipes, celle du passé montrée dans l’excellent first class et celle de la trilogie, les versions passé et futur de Charles-Xavier et Magnéto dans le même film ! Depuis cette annonce, l’attente n’a fait que s’accentuer à propos de ce projet qui marquait le retour de Bryan Singer, accentué encore par l’arrivée de Omar Sy et Peter Dinklage au casting. Un potentiel prometteur que la bande-annonce semblait confirmer. Qu’en est-il alors réellement ? Appréciateur d’un bon divertissement, de la plupart des films de super-héros, des X-men essentiellement, surtout quand un message ou une réflexion apportent une profondeur derrière les effets spéciaux, ma réponse pouvait être difficilement être non. Et ma réponse est oui sans hésitation.

« Days of the future past » est l’adaptation d’une des histoires les plus marquantes des X-men (que j’ai eu la chance de lire grâce à ma médiathèque). Les scénaristes ont eu l’intelligence de modifier l’histoire pour la complexifier d’avantage et la rendre plus longue. Dans le film, empêcher les événements menant au futur apocalyptique sera plus difficile que prévu…

Le dernier bastion de la résistance mutante envoie l’esprit de Wolverine dans le passé empêcher un assassinat à l’origine de la création des Sentinelles, robots anti-mutants impossible à vaincre. Certes, Wolverine est une nouvelle fois le héros mais je trouve que son personnage ne vole pas la vedette aux autres pour autant, le Professeur, Magnéto et même Mystique sont autant mis en avant.
Dans le futur, les deux anciens amis ont enterré la hache de guerre pour faire cause commune dans une alliance désespérée, mais dans le passé leur désaccord n’a jamais été aussi fort. Charles-Xavier est brisé, tant mentalement que physiquement, après la trahison de Eric et le départ de sa sœur adoptive Raven (Mystique). Il a laissé tomber l’école et les mutants, et même ses pouvoirs. Un bien mauvais moment pour qu’un inconnu vienne lui demander de refaire équipe avec celui qu’il accuse de ses malheurs, au nom d’une histoire difficile à croire… La situation est inversée et Logan se retrouve à devoir jouer le rôle du « professeur » envers celui qui l’a autrefois aidé à trouver sa voie. Magnéto, blâme lui Charles-Xavier de n’avoir rien fait pendant que des mutants se faisaient persécutés et tués. Au milieu, Raven s’engage de plus en plus dans la voie de tueuse qui la fera connaître sous le nom de Mystique. Mais alors que le maître du métal n’a pas peur de produire une hécatombe en tuant des humains par centaines, la mutante métamorphe ne cherche elle qu’à cibler uniquement les humains qui représentent une menace. C’est pour tenter de la remettre sur le droit chemin que le Professeur accepte dans un premier temps d’aider Wolverine, mais le peut-il encore ? Si Charles-Xavier et Magnéto sont parvenus à œuvrer ensemble leurs discordes ne sont pas enterrées pour autant, et lorsqu’une situation de crise survient leurs divergences d’opinion ressurgissent violemment.
Pendant ce temps dans le futur, les Sentinelles menacent d’arriver avant que Wolverine n’ait accomplit sa mission…

« Days of future past » commence par une mise en bouche comme la franchise sait bien les concocter : effets spéciaux à volonté et festival de pouvoirs divers en mettent plein la vue. Le jeu et le charisme de Patrick Stewart en mentor avisé, sa relation avec Wolverine, l’ancienne bête sauvage qui s’est trouvé une raison de vivre, assurent l’intérêt porté aux personnages. Si dans un premier temps l’action se fait un peu attendre, l’attention est renouvelée lorsque des complications apparaissent. La mission initiale a été accomplie mais la menace pèse toujours. Le futur peut-il être changé ou est-il condamné à se produire quoiqu’il arrive ? La réalisation de Bryan Singer apporte un esthétisme aux pouvoirs qui apparaissent agréablement à l’écran, avec de bons moments en 3D comme l’extraction des rails de chemin de fer par Magnéto, ou Charles utilisant ses pouvoirs télépathiques dans l’aéroport pour persuader sa sœur de revenir. Mention pour les décors dévastés du futur. Des scènes fortes comme ce face à face onirique entre le jeune professeur brisé et le vieux mentor assagi. Une scène surréaliste avec un Vif-Argent rebelle, une nouvelle démonstration de la puissance de Magnéto, après un sous-marin et (avant) le Golden Gate, une bataille d’anthologie dans le futur, des références aux précédents films, des pointes d’humour efficaces achèvent de faire de « days of future past » l’un des X-men les plus réussi.

Le paragraphe qui suit vaut pour toute la franchise, films et comics confondus.
Les humains voient dans les mutants une menace, les mutants voient dans les humains une menace, souvent à raison, et les agissements de l’un ou l’autre camp ne font qu’amplifier les craintes déjà existantes. Comment croire en la paix en pareille situation ? C’est pourtant ce en quoi aspire le Professeur, un acte de foi qu’il cherche à transmettre à ses élèves, et à sa version passée. Montrer que la violence n’est pas la solution, qu’il existe d’autres alternatives. Un message de paix et de tolérance à l’origine de mon adoration de cette franchise, en films comme en comics (même si je n’en ai paradoxalement pas encore lu beaucoup). Comment réagirions-nous en pareil situation ? Quel camp suivrons-nous si nous étions un mutant ? Aurions-nous la force et le courage de croire en la paix, de ne pas frapper le premier, de résister à la tentation de la supériorité génétique ?
A l’origine Stan Lee ne voyait pas Magnéto comme un vilain. C’est là tout l’intérêt de ce personnage. A l’opposé des nemesis qui agissent par vengeance ou par mégalomanie, le bouffon Vert, Fatalis ou autre Crâne rouge, Magnéto se bat pour une cause juste, bien qu’avec des méthodes indéfendables. Son passé douloureux explique sans mal sa haine, compréhensible, envers le genre humain. On ne peut vraiment lui reprocher de prendre les armes contre ceux qui représentent une menace, même s’il agit lui aussi dans un désir de domination. Il veut en effet créer une dynastie mutante où il serait à la tête. Pour l’un ce choix risque de causer d’avantage de mal en attirant sur eux la peur et la haine des humains, tandis que pour l’autre ce sont les tentatives de paix et la conciliance envers eux qui représentent une menace. L’un croit en la cohabitation, l’autre non, persuadé que homo inferior ne les acceptera jamais et que les mutants sont destinés à les dominer. Bien que se battant pour la même cause et motivés par un respect envers celui qui était autrefois un ami, leurs opinions demeurent irréconciliables. Un méchant ambigu et une relation complexe qui expliquent aussi mon attrait pour les X-men.

« Days of futur past » contient bel et bien les gènes du très bon film attendu. S’il n’est peut-être pas aussi bon que first class qui représentait une bonne surprise, et un poil moins intense, cette presque suite excelle en tous les points, tant des effets spéciaux, de l’histoire que du développement des personnages. Ceux qui recherchent une explosion d’effets spéciaux seront peut-être déçus, mais pour les autres le film devrait pleinement satisfaire.
Enlak
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le 31 mai 2014

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Enlak

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