Pas besoin de Cerebro pour deviner ce que vous allez penser, avant même la fin de cette lecture. Je suis sûr que vous vous direz quelque chose du genre "Oui... Le masqué... y sait pas ce qu'il fait et il note avec les pieds. Il met 8 et finalement, son avis, c'est qu'une longue liste de défauts. Quel connard de fanboy quand même !!! Ah ! Puis j'me souviens qu'il a mis 10 à Civil War... Le con".


Je sens que ce 8 va mériter des explications pour éviter les cailloux dans la gueule. Parce que, au final, j'ai bien apprécié. Beaucoup. Le spectacle est au rendez-vous et Singer fait le job. Voir Apocalypse à l'écran est une envie devenue réalité, tout comme Psylocke qui est quasi identique à son homologue de papier, et aussi jolie avec Olivia Munn qui se glisse dans le justaucorps. Retrouver le triangle Xavier / Erik / Raven procure le plaisir escompté et enfin, l'action est au rendez-vous et envoie du bois. X-Men Apocalypse, durant deux heures vingt, assure comme un dieu dans le domaine de l'entertainment. La 3D, elle, n'est pas inutile et vaut les quelques brouzoufs supplémentaires que votre exploitant ne manquera pas de vous tirer.


Le sentiment qui domine à la sortie de la séance est donc celui de la satisfaction. Mais, un peu malheureusement, une satisfaction mesurée. Le sentiment que c'était bien, mais qu'il manquait quelques choses. Avec un "s" à chose, s'il vous plaît. Et certaines maladresses ou facilités que Bryan Singer et Matthew Vaughn avaient jusqu'ici évitées dans cette nouvelle trilogie qui utilisait le temps comme pierre angulaire.


Tiens, voilà le premier défaut : le temps. Car si Le Commencement avait profondément ancré son récit dans les années 60, avec pour cadre le suspens aux allures de vieux James Bond de la crise des missiles cubains, si Days of Future Past prenait ses racines dans un jeu incroyable entre le futur et les années 70 de la paranoïa des années Nixon, Apocalypse, lui, peine à renouer avec cet aspect super intéressant et immersif. Car si des années 80 il est aujourd'hui question, on ne lancera qu'à peine quelques têtes nucléaires vers l'espace pour rappeler au spectateur qu'il est en pleine guerre froide. Exit donc de facto l'un des atouts des deux opus précédents car Apocalypse, au final, ne prend prétexte de son époque que pour lancer les mutants au coeur de l'action. Aucun enchassement, presque aucune référence historique, on dirait que l'ami Bryan a perdu de vue cet aspect du film en cours de route. Dommage. Et ce n'est pas l'utilisation astucieuse et fun de Sweet Dreams (Are Made of This) pour soutenir une séquence incroyable avec Quicksilver qui consolera sur cet aspect du film.


Autre petite déception, c'est la gestion des personnages qui, jusqu'ici, était équilibrée tout en conservant l'ancrage du triangle émotionnel Xavier / Mystique / Magnéto, véritable coeur des deux films précédents. Mais ici, le trio vole en éclats : Xavier est cantonné ici à un rôle de simple faire valoir puis de cible ultime, se trouvant ipso facto isolé de son groupe d'étudiants et de sa famille. Mystique, elle, se débat un peu inutilement avec son statut de modèle. Quant à Magnéto, il s'écarte un peu plus de ses amis. Singer vide donc le film des émotions du précédent diptyque au profit de l'action, certes spectaculaire. Et si le réalisateur s'échine à humaniser Magneto et à lui faire ressentir la souffrance et la rage, le coeur ne saigne pas, l'émotion n'est pas ou peu là. Elle renoue encore moins avec celle qu'il a ressentie lors de la mort violente de sa mère dans le Commencement, ou encore sous les sévices psychologiques de Sebastian Shaw.


Certaines maladresses et raccourcis feront en outre tiquer les gardiens du temple ou les plus intégristes. Comme la gestion des acolytes d'Apocalypse, la plupart étant sous exploités. Pas grand chose sur Storm, et Angel n'a pas la présence à l'écran qui mettrait en valeur son design surprenant, quoiqu'un peu en dessous de sa version papier. Seule Psylocke, l'atout charme de cet épisode et tout droit sortie du comics dans sa représentation, a de quoi un peu s'illustrer, même si Singer se permet une embardée très Wonder Woman. Apocalypse, lui, est aussi fidèle à son design, même si je suis sûr que certains auront de quoi critiquer son maquillage. Un pote qui m'accompagnait s'y est d'ailleurs risqué et a eu droit à une bonne claque dans la gueule, comme lors de la séance de Batman v Superman. Concernant ses objectifs, dommage que sa marotte de la survie du plus fort ne soit qu'à peine évoquée. Mais le personnage permet un bon petit combat sur le plan psychique bien sympa, bien qu'un petit peu court à mon goût, permettant de représenter En Sabah Nur à sa vraie taille et de faire intervenir la pleine puissance d'un personnage clé.


Certaines facilités comme cette foutue tendance à effacer la mémoire, pour réintroduire Moïra McTaggart, l'introduction de personnages, à nouveau, par le biais des combats en cage, ou des péripéties gratuites du côté d'Alkali Lake n'arriveront cependant pas à ternir le plaisir que j'ai éprouvé devant ce troisième épisode. Car Apocalypse est en effet très généreux dans le spectacle proposé et s'astreint à maintenir un univers à peu près cohérent. Cependant, on en sort peut être avec le sentiment que Singer n'a pas réussi à franchir le dernier obstacle, à hausser son niveau de jeu pour atteindre les cimes du Commencement, mais surtout celles de Days of Future Past. Car si la satisfaction est là, on ne peut s'empêcher de penser que chez les X-Men, les troisièmes épisodes sont marqués par une sorte de maléfice que Singer n'aura réussi à déjouer qu'en partie.


Dommage, le coup passa si près.


Behind_the_Mask, X-Men Blue Team.

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le 18 mai 2016

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