Toujours plus loin dans le "no reason"... Wrong direction ?

Wrong est sympathique. Un film où un palmier se transforme mystérieusement en sapin est forcément sympathique. N'empêche, Quentin Dupieux est peut-être allé trop loin dans le "no reason". Les gags absurdes ne fonctionnent pas tous (pas fan, par exemple, de l'intro où un pompier pose sa pêche en pleine rue pendant qu'une camionnette crame tranquilou) et, surtout, l'ensemble manque de liant. L'idée de la pluie tropicale à l'intérieur de l’open-space, moi j'adhère, mais le réal' nous la ressort tellement que ça finit par lasser.


Avec Rubber, la majorité des délires tournaient autour du postulat de départ – très inspirant il est vrai –, celui de suivre les pérégrinations d'un pneu tueur doué de télékinésie. Et ça tenait la longueur, chaque situation s’enchaînant avec une certaine fluidité. Dans Wrong, l'idée de base est déjà plus classique : un célibataire perd la trace de son chien et décide de partir à sa recherche. Sur le fond, les rebondissements s'avèrent poilants, mais certaines scènes tombent à plat. J'aime beaucoup l'alternance de passages plus oppressants – accentués par la musique et les décors gris dégueu –, avec les purs moments de comédie absurde, sauf que tout ça manque de rythme. Parfois, on dirait presque une succession de sketchs écrits indépendamment les uns des autres.


Un autre truc m'a un peu gêné : la sur-composition des plans. Le cadre est toujours hyper-léché, avec une utilisation systématique du flou pour jouer sur la profondeur du champ. Trop récurrente, la technique perd vite de son charme.


Pour ne pas terminer sur du négatif, je reconnais tout de même avoir ri régulièrement. Le héros interprété par Jack Plotnick maintient une certaine normalité dans cet univers déglingué, ce qui crée un contraste avec les drôles d'oiseaux rencontrés sur sa route : Eric Judor en jardinier pommé, Alexis Dziena en amoureuse éperdue (mi-sexy, mi-flippante) et, bien sûr, l'excellent William Fichtner en... allez, je laisse la surprise aux curieux. Faut être honnête, les amateurs de « what the f$#k » en auront quand même pour leur argent.

VaultBoy
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma vie dans les salles obscures et Les meilleurs films de Quentin Dupieux

Créée

le 6 sept. 2012

Modifiée

le 6 sept. 2012

Critique lue 2K fois

33 j'aime

11 commentaires

Arthur Bayon

Écrit par

Critique lue 2K fois

33
11

D'autres avis sur Wrong

Wrong
Gothic
7

Every dog has its day *

Plébiscité par un certain nombre de personnes autour de moi, dont un bâtard bourré que je ne nommerai pas dans un souci d'anonymat mais que je remercie quand même, Wrong nous narre les aventures de...

le 29 mai 2014

92 j'aime

24

Wrong
Strangeman57
7

Critique de Wrong par Strangeman57

Un OVNI! Encore un! Je vais finir par avoir la preuve d'une vie extraterrestre: la filmographie de Dupieux commence à se faire cohérente tout en peaufinant son style. Comment reconnaît-on un OVNI...

le 5 sept. 2012

55 j'aime

7

Wrong
VaultBoy
5

Toujours plus loin dans le "no reason"... Wrong direction ?

Wrong est sympathique. Un film où un palmier se transforme mystérieusement en sapin est forcément sympathique. N'empêche, Quentin Dupieux est peut-être allé trop loin dans le "no reason". Les gags...

le 6 sept. 2012

33 j'aime

11

Du même critique

Les Enfants loups, Ame & Yuki
VaultBoy
9

Vous n'avez pas, monsieur Miyazaki, le monopole du coeur

En deux films - La Traversée du Temps et Summer Wars -, Mamoru Hosoda a prouvé qu'il pouvait secouer le monde de la japanime grand public largement dominé par les productions Ghibli. Deux longs...

le 29 août 2012

133 j'aime

23

Maus : L'Intégrale
VaultBoy
10

Au chat et à la souris

Grand Prix de la ville d'Angoulême cette année, Art Spiegelman est surtout connu pour son Maus, récompensé en 1992 par le seul premier prix Pulitzer jamais accordé à une bande dessinée. Si je me...

le 10 avr. 2011

123 j'aime

3

Stoker
VaultBoy
8

Vampires, vous avez dit vampires ?

Premier film en anglais du génial Park Chan-wook, Stoker avait de multiples raisons de se planter : script écrit par Wentworth Miller de Prison Break (!), possible perte de liberté du réalisateur...

le 6 mai 2013

95 j'aime

11