Le second opus de Wolf Creek répand actuellement sa semence en salles et VOD et il était donc nécessaire de revenir sur l’épisode instigateur, véritable buzz-movie il y a presque dix ans (2005). Wolf Creek c’est quoi ? Et bien c’est une histoire comme l’on en a vues des centaines de fois, un groupe se paume en cambrousse et se fait traquer par un tueur adepte à la torture et au viol, le tout supposément basé sur des faits réels, alors que ça n’est pas le cas, ce qui rappelle inévitablement Massacre à la tronçonneuse. En somme on se retrouve devant de l’Ozploitation, un sous-genre cinématographique exploitant la phobie que peuvent provoquer les lieux inconnus, souvent désertiques, comme l’Australie ou le Texas (dans ce cas Texploitation). Certains réalisateurs comme Eli Roth tentent de déplacer l’action dans des lieux moins courants, comme en République Tchèque, ce qu’il a fait avec Hostel. D’autres, comme c’est le cas ici, préfèrent faire parler la nostalgie des années 80 et force est de constater que tout cela ne fonctionne plus, même avec la meilleure volonté du monde. Car de la volonté il y en a, que ça soit par le biais de John Jarratt, interprétant avec brio le maniaque, tout comme dans la somptueuse direction artistique qui renvoie directement au Razorback de Russell Mulcahy. Le réalisateur et scénariste Greg Mclean prend également un grand soin de ses personnages en les dépeignant autant que possible, certainement pour les rendre plus réels et créer une plus grande empathie chez le spectateur, jusqu’à ce que celui-ci se rende compte que malgré lui son pied s’est mis à tapoter sur le sol, signe distinctif d’une chose: on se fait chier.
Il faut dire que Mclean a pris un gros risque, à savoir ne choisir que trois personnages, réduisant considérablement la joie que peuvent nous apporter éviscérations et autres executions sommaires (soyez prévenus, le plus gore que vous aurez est la brève vue de quelques doigts coupés). Chose encore une fois commune, les femmes ici sont fortes, étant livrées à elles-mêmes, l’homme du groupe étant attaché durant toute la bobine. Cela aurait été moins grave (la chose, pas les femmes) si celles-ci avaient été aussi malignes qu’Eliza Dushku dans Détour Mortel, mais si elles échouent dans leur entreprise ça n’est pas du fait du tueur, mais presque à chaque fois par leur bêtise, poussant le spectateur à s’exclamer par intervalles réguliers « mais pas par là débile ! ».
Wolf Creek, pas absolument mauvais, mais bourré de défauts, cherche en plus à se faire taper sur les doigts en arborant fièrement sur sa jaquette un « cruel, insoutenable, culte ». Cruel on ne dira pas le contraire, car cruel il est, mais en matière d’insoutenable ou culte il fait pâle figure, surtout face aux classiques du genre, qui l’ont à la fois créé et conclu par leur maestria. Effet non voulu mais pourtant detestable, il a ramené sur les devants de la scène l’Ozploitation, nous gavant de navets tous plus insupportables les uns que les autres, à l’image de The Gates of Hell, ce qui effectivement, est « insoutenable ».
SlashersHouse
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le 6 mai 2014

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