Peter Weir signe avec sobriété et sans jugements de valeur, un véritable modèle du genre

Après avoir signé deux grosses productions avec Mel Gibson (les excellents Gallipoli et L’Année de tous les Dangers), le réalisateur australien Peter Weir fait sa première incursion en terre Hollywoodienne, pour y signer l’un des meilleurs polars/thrillers des années 80.


Harrison Ford qui venait d’enchaîner successivement la trilogie Star Wars, les deux premiers Indy et Blade Runner, incarne ici un inspecteur de police de Philadelphie enquêtant sur un meurtre dont un gamin appartenant à la communauté Amish est témoin. Suite à des événements et révélations très surprenants il sera obligé de se réfugier au sein de cette communauté aux us et valeurs très différentes des siennes.


Ce qui frappe dans un premier temps dans ce film, c’est la grande sobriété de la mise en scène, aucun effet de style, et la façon dont Peter Weir parvient à faire monter crescendo une véritable tension tout en réussissant une belle incursion au sein de cette communauté sans jamais porter de jugement de valeur stigmatisant.


Le jeu de séduction entre les deux principaux protagonistes, Harrison Ford et la très belle Kelly McGillis, donne lieu à quelques scènes d’une grande sensualité, tout en retenue, juste quelques regards, deux ou trois scènes très évocatrices et une magnifique scène d’un érotisme absolument contenu dans laquelle l’héroïne à moitié dénudée se regarde dans un miroir, quand dans un plan sublime, elle découvre que l’inspecteur de police dont elle s’éprend malgré les interdits inhérents aux coutumes, l’observe au palier de sa chambre. Le réalisateur réussit à cristalliser toutes les émotions, les ressentis et la montée progressive du désir avec une pudeur absolument délicieuse qui confère à son œuvre une douce aura délicate extrêmement fleur bleue.


En plus d’une belle et honnête incursion au sein d’une communauté aux us que certains jugeront rétrogrades, Peter Weir à l’intelligence de ne pas porter de jugement et les montre à la tâche, avec notamment une très jolie scène de construction collective d’une grange, tout en confrontant les deux mondes dans leurs divergences, mais aussi ce qu’ils ont de commun.


Ayant l’intelligence de suffisamment s’éloigner du genre qu’il traite, le thriller en l’occurrence, pour mieux y revenir avec des scènes de violence sèche et subite, je pense à la scène où l’inspecteur prend la défense de l’un des quidam de la communauté en éclatant le nez d’un crétin qui tente de l’humilier, pas d’esbroufes ni d’explosions à tout va, juste un poing dans la gueule et un nez qui saigne, (c’est ça un coup de poing dans la réalité, ça ne fait ni « schbong » ni « bing » et à la fin ça saigne), Peter Weir réussit un modèle du genre et tout simplement l’un des tous meilleurs thriller des années 80.

philippequevillart
8

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le 7 sept. 2019

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