Wish - Asha et la bonne étoile
5.3
Wish - Asha et la bonne étoile

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn (2023)

L'art du conte de fées à l'épreuve de la politique Disney en 2023

C'est connu, aujourd'hui, on vous affirme sans cesse, depuis cinq ans, que tout le monde déteste la police.


Depuis à peu près la même période, il en est de même pour Mickey. Car il semble évident, au regard du discours dominant des réseaux asociaux, que tout le monde déteste Disney... Et souhaite de plus en plus ouvertement le crash de grande envergure, la gamelle d'ampleur mondiale qui en provoquerait la disparition pour le bien du cinéma selon Saint-Marty(n).


Nul doute que Wish : Asha et la Bonne Etoile sera, de manière unanime, très tièdement accueilli, pour rester poli.


Et la note du masqué sur le site Sens (de moins en moins) Critique, sera comme de coutume bien pétée.


Car il vous dira que Wish se suit sans déplaisir, vraiment, et semble, a priori, renouer avec l'héritage des studios aux grandes oreilles tant en en embrassant la quasi intégralité du catalogue qu'en retrouvant l'essence des contes de fées immortels qui ont fait sa renommée (et son impérialisme pour les plus cyniques).


Le gage de ce retour aux sources est bien sûr, de manière plus que limpide, cette ouverture via un livre que l'on devine ancien, enluminé, au son des mots « il était une fois » connus de tous. C'est bien sûr ce personnage pétri de rêves et de bonnes intentions, ses animaux parlants ou encore ce royaume dominé d'une haute tour.


Le masqué vous dira ensuite qu'il a aussi apprécié la perfection de l'animation et, plus encore l'aspect graphique de l'oeuvre, très joli mélange entre 3D et feeling deux dimensions des décors exacerbé par l'utilisation d'un cell-shading discret. Tout comme les camaïeux pastels moelleux, l'ancienneté délicieuse des architectures et le sentiment d'aquarelle d'époque dégagé par l'ensemble.


De quoi enchanter le regard et exalter la magie, en somme. Et donc, par extension, celle du studio.


Sauf que, de manière inconsciente tout d'abord, le masqué a senti que quelque chose clochait.


Car si Disney voulait sans doute s'incarner dans le grand-père de l'héroïne ou encore dans cette petite étoile malicieuse, on ne peut s'empêcher de penser qu'il pourrait aussi s'incarner dans ce monarque au sourire Colgate, aux apparences charmantes mais surtout castrateur, égoïste et jaloux de son hégémonie. Preuve que même dans la tête de quelqu'un qui lit avec dépit et consternation les systématiques litanies aussi haineuses qu'imbéciles, le discours formaté commence à pénétrer de manière insidieuse.


Ce qui est pour le moins inquiétant. Pas pour le masqué, qui reste un crétin fini, mais pour le staff Disney, par la maladresse exprimée à l'écran.


Mais surtout, c'est par la manière de raconter son dernier conte de fées que Mickey pourra soulever quelques questionnements.


Mis en lumière par le positionnement charnière du film, qui doit célébrer le centenaire d'un studio, le retour au succès et son glorieux passé. Mais l'oeuvre montre aussi à l'image, peut être malgré elle, une marque prise au piège de son temps.


Car Wish : Asha et la Bonne Etoile a finalement le cul entre deux chaises : celle, en effet, de son aspect patrimoine, porté à l'image entre clins d'oeil, références appuyées et souvenirs des années dorées. Mais celle aussi, malheureusement, de la modernité et du positionnement de l'empire Disney.


Tout ce que vous lirez ici reviendra sans doute sur le souci de représentativité de la diversité des couleurs et des corps, à l'évidence. Du triomphe d'un pseudo féminisme sur le patriarcat-blanc-quadra qu'incarne le vilain magicien, du melting pot issu de l'immigration dans ce monde a priori merveilleux décrit au début du film.


Mais regardant un peu plus loin, il pourra être déploré le fait qu'alors même que Disney parle de conte de fées, il en nie désormais l'essence intime. En jetant à l'écran sa volonté d'intégration et ses peurs d'un éventuel bad buzz.


Car le vrai problème, à bien y réfléchir, c'est que Wish : Asha et la Bonne Etoile se présente comme un conte de fées moderne. Mais malheureusement sans histoire, sans passé, sans racine et sans culture clairement identifiable, soit à l'image de ce royaume sans identité décrit par l'oeuvre. Soit quelque chose qui s'adresse à un public cible le plus neutre possible, histoire d'affirmer une volonté de contenter tout le monde sans froisser personne. Histoire sans doute de se détacher des polémiques crétines liées à l'appropriation culturelle.


Soit l'expression, peut être, d'une position disneyenne quant à la voie à suivre pour l'avenir et que l'on pourra déplorer, en effet. Condamner, peut être. Choisissez votre camp.


Cependant, affirmer que Wish représenterait le fond du panier Disney, ou encore son euthanasie témoigne d'une mémoire assez courte si l'on fait l'effort de se souvenir du vide inquiétant que constituait le diptyque des Mondes de Ralph (pas de jaloux) pourtant inexplicablement bien accueilli, de Oliver & Compagnie ou encore de l'égarement de Chicken Little, dont tout le monde a depuis longtemps oublié jusqu'à l'existence.


Car de telles affirmations lapidaires ne font qu'occulter la nature de ce Wish et ce qu'il décrit de la politique de ses créateurs et leur vision du monde. Et c'est sans doute ce en quoi l'oeuvre sera peut être intéressante dans l'évolution future des studios Disney.


Behind_the_Mask, à la recherche de la nouvelle star.

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le 30 nov. 2023

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