Robert Redford n'est pas Willie Boy

Interdit de cinéma pendant 20 ans à cause du McCarthysme, Abraham Polonsky réalise ici seulement son deuxième film après "L'enfer de la corruption". Grâce au jeune producteur Jennings Lang qui lui remet le pied à l'étrier, il écrit et réalise ce "Willie Boy". Dans ce western atypique, épuré, peu bavard, Willie Boy, un indien Paiute, tue le père raciste de la femme blanche qu'il aime et s'enfuit avec elle. Poursuivi par le shérif Cooper, il est déjà quasiment condamné par les blancs. D'autant plus que l'affaire prend une importance grandissante en raison d'une visite imminente du président. Il s'agit d'une histoire vraie qui s'est déroulée en 1909. Polonsky confère à son film une véritable portée sociologique montrant un pays régi par les blancs et dans lequel les Indiens n'ont plus aucun avenir. Un récit subtil, sans manichéisme servi par une esthétique soignée (image magnifique de Conrad Hall). Dramatique et poignant à l'issue inéluctable. A signaler la musique étonnante de Dave Grusin créant une ambiance minérale.