Qui aurait cru il y a quelques années que la Kpop parviendrait à se faire une petite place au soleil sur la scène musicale mondiale ? Entre les Girl Generation qui passent dans le Late Show de David Letterman et les concerts à guichet fermés organisés en Europe et en Amérique du Nord, c'est pourtant ce à quoi parvient peu à peu l'industrie du disque du pays du matin calme.
Le fer de lance de cette offensive culturelo-économique, ce sont les groupes unisexes, les fameux girl's band et autres boy's band. Bâtis selon des schémas éprouvés et encadrés par des techniciens rodés (chorégraphes et compositeurs en tête), ce sont de véritables armes de destruction massive, destinés à fédérer un public le plus large possible. Et, après tout, même si cela ne sera jamais considéré comme de la grande musique, l'impressionnante charge de travail consentie par tous les intervenants ne peut que forcer un certain respect à leur égard et justifier leur succès mondial.

Le phénomène ne pouvait que faire son apparition sous une forme ou une autre au sein de la fringante industrie cinématographique locale. Et avec White: The Melody of the Curse, c'est l'apparence d'un film d'horreur qui a été privilégié par les producteurs. Pourquoi pas.

On y suit donc le cas d'un girl band, les Pink Dolls, luttant difficilement pour se faire un nom face à la concurrence acharnée des autre groupes d'idoles. Les dissensions internes se font de plus en plus forte et le groupe est sur le point d'imploser. Jusqu'à ce que, par hasard, la leader Eun Joo découvre une cassette vidéo d'un girl band oublié, mort dans un horrible incendie. Reprenant leur chanson et leur chorégraphie, les Pink Dolls atteignent enfin le succès désiré. Mais le prix se révèle lourd à payer...

Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'on est face à un décalque de Ring et The Grudge, enrobé d'éléments Kpop. Cela n'est pas très surprenant de la part d'une industrie qui surfe sur cette vague depuis que les films Japonais susmentionnés ont fait leur apparition. On aura donc droit aux diverses manifestations horrifiques liées à la malédiction et à l'enquête des jeunes filles concernées pour la lever avant que toutes n'y passent. Aucune surprise à attendre à ce niveau.
La seule originalité vient de la description du monde de la Kpop. A ce titre, White fait le minimum syndical. On a bien l'occasion de voir le fonctionnement au jour le jour de ce type de groupe, toujours sur la route, sans la moindre intimité, mais cela ne dépasse guère le stade du superficiel. De même, s'il y a bien la trace de critiques faites à l'industrie, de la promotion canapé à l'exploitation abusive des jeunes idoles, là encore, la démarche tient plus de l'utilitaire, destinée à alimenter la mécanique horrifique du film, plutôt qu'en une réflexion sur le mode de fonctionnement de la Kpop.

On aurait pu croire que la présence de la talentueuse Ham Eun Jung dans le rôle principal aurait tiré le film vers le haut. Hélas, la première leader du groupe T-ara, semble un peu paumée, absente, peu aidée il est vrai par la faible caractérisation de son personnage, horriblement passif durant les 2/3 du film. Il y a toutefois quelques fugaces éclats de son talent qui laisse à penser qu'elle pourrait davantage s'affirmer comme une actrice d'envergure d'ici quelques années.

Dépourvu d'originalité et sans une véritable vision du monde qu'il décrit, le film des frères Kim sort un peu près la tête de l'eau grâce à sa technique. La photographie assure et, prises isolément, quelques scènes horrifiques parviennent à arracher quelques frissons. C'est peu mais c'est toujours mieux que rien.
Palplathune
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le 27 mars 2012

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White : The Melody of The Curse
Cinézumi
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