Je peux l'affirmer sans me tromper, je suis certaine de ne pas avoir vu de films islandais de ma vie. Pour une première immersion dans les images, venues de là-bas, j'ai été servie.
Autant vous dire que ce qui m'a charmé d'emblée et pendant tout le film ce sont les paysages enchanteurs sortis d'un autre temps. La nature y est omniprésente, les jeux de lumière et les couleurs y sont splendides, bref on ne peut qu'être happé par le cadre.
En ce qui concerne le cadre, nous sommes sur la petite île de Flatey. Déjà que l'Islande me semblait petite, là Reykjavik semble immense à côté du petit îlot qui sera le centre de l'action pendant tout le film.


Jon est un professeur de philosophie quadragénaire qui mène une existence paisible avec sa femme Anna. A peu de choses près car Anna semble avoir quelques problèmes psychologiques qui la font dessiner des algues par série de dix, faire du vélo à moitié nue...
Et à côté vient la jeune et ravissante Thora qui tente de le séduire. Habilement l'étau se resserre et Anna devient de plus en plus paranoïaque, ou de plus en plus lucide (c'est un peu dur de différencier les deux).
On suit les événements précédents le mariage (de Jon et Thora) avec l'arrivée des invités, la préparation du grand jour. Entre la mère de Thora, qui est bien décidée à ce que son gendre règle une dette qu'il a contracté depuis un moment, et le témoin un peu lourdaud toujours prêt à picoler, on est proche du vaudeville. D'autant qu'un certain trouble semble persister autour du sujet Anna. Que s'est-il passé pour qu'en un an Jon déjà marié à Anna, en soit déjà à l'aube d'épouser une de ses élèves?


Même si l'intrigue en elle-même n'a pas de réel attrait car les brusques revirements de position de la mariée ou du mariée sont dignes d'une comédie américaine gentillette, le reste est nettement plus convaincant. Là, le ton est plus lourd comme teinté d'une certaine mélancolie ambiante. C'est comme si le mariage était un événement comme les autres, pas plus tristes mais aussi pas plus heureux. C'est encore plus accentué par les scènes potaches, l'humour tout à fait décalé ou les personnages qui paraissent jouer un film dans le film (difficile à décrire). Je crois pouvoir dire que l'ancrage est tout à fait islandais. Dans un livre islandais que j'avais lu (Pendant qu'il te regarde, tu es la vierge Marie de Gudrun Eva Minervudottir), j'avais déjà trouvé des situations loufoques, un humour tout à fait inhabituel. C'est exactement le même sentiment que j'ai ressenti en voyant le film. On est un peu interloqué, presque charmé mais souvent décontenancé. Une scène m'a particulièrement émue : on assiste à une soirée dans une chaumière où des gens jouent de la musique. Ben je vous le donne en mille mais une fillette joue de l'archet sur quelque chose qui semble être une scie. Après conversation entre les protagonistes on a confirmation que c'est bien une scie. Comme si c'était normal qu'une fillette joue "du violon" sur une scie.


Un film épatant ! Allez-y au moins pour les images époustouflantes d'une nature qui a encore tous les pouvoirs. Quant à moi j'ai maintenant une furieuse envie de prendre un billet d'avion pour aller y voir de plus près.

Melopee
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le 30 juin 2016

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