Werewolf by Night
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Werewolf by Night

Moyen-métrage de Michael Giacchino (2022)

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes


Maintenant que je ne suis plus, le moment est venu de vous trouver un nouveau guide dans la croisade que nous menons contre les monstres. Cet honneur ne pourra revenir qu'au chasseur le plus méritant, le plus courageux et le plus dévoué à notre cause. Cette nuit, un monstre comme vous en avez jamais affronté auparavant sera libéré sur ces terres sacrées. Le premier d'entre vous qui tuera cette créature, sera notre nouveau chef. Et ma Pierre de sang lui reviendra de plein droit. Bonne chance à tous. Et comme le dit l'expression : « rien ne sert de pourrir ». Hahahahaha ! Veuillez me pardonner, c'est de l'humour de cimetière.




Pour purger le MCU de ses dernières abominations



Werewolf by Night est une science fiction horrifique comique gothique réalisée par Michel Giacchino. Une oeuvre issue des grands classiques d'épouvante des années 30 mettant à l'honneur les monstres de la nuit sur un cadre typique de l'époque. Un intrus qui s'invite au sein du Marvel Cinematic Universe via la plateforme Disney+. Une expérimentation inédite pour le studio qui se positionne comme un véritable bol d'air frais "obligé" après un enchaînement très médiocre de titres qui laissait craindre le pire sur le service digitale avec Miss Marvel ou encore She Hulk. Un moyen-métrage de 52 minutes écrit par Heather Quinn qui adapte librement le comics Werewolf by Night sortie en 1972 pour proposer une histoire de monstres pas comme les autres. Un récit qui offre une introduction au genre « horreur » (toutes proportions gardées car il ne faut pas non plus trop faire peur aux enfants) dans le MCU. Genre, que le cinéaste Sam Raimi, avait déjà commencé à arpenter avec son "Doctor Strange in the Multiverse of Madness". Sur une conduite scénaristique classique, on se retrouve à suivre une compétition conduite par une assemblée secrète spécialisée dans l'éradication de monstres. Une émulation où les participants : des chasseurs expérimentés, vont se retrouver projetés dans un labyrinthe où une terrible créature les attend. Au bout de l'épreuve, un puissant artefact qui appartenait à l'ancien chef de l'organisation "Ulysses Bloodstone", et qui fera du grand vainqueur le nouveau leader. Un périple somme toute très basique qui tire davantage son originalité dans sa forme plutôt que dans son fond. On apprécie un contexte à un suspense favorisant un mystère dans lequel on ne s'ennuie pas par le biais d'une action convaincante sur un rythme entraînant.


Werewolf by Night met les formes dès l'apparition du logo Marvel Cinematic Universe, en offrant un cheminement graphique idéal annonciateur du spectacle particulier qui attend le spectateur au bout de cette introduction. Une annonce pleine de promesse à laquelle Marvel se tient. On se régale de l'ambiance gothique rétro en noir et blanc organisée autour d'un cadre riche empreint de l'esprit phare de la Hammer et d'Universal Monsters. Une atmosphère lugubre et sinistre teintée d'une touche d'innocence organisée autour de décors somptueux avec un manoir angoissant. Une demeure ténébreuse jonchée de trophées de chasse représentant des créatures de la nuit connues comme le vampire. Un lieu imposant où on se régale de chacun des éléments proposés jusqu'au cercueil dans lequel se trouve notre hôte. Cercueil depuis lequel le cadavre putride d'Ulysses Bloodstone, va annoncer aux participants le départ de l'épreuve via une forme animatronique amusante qui rend hommage à un ancien savoir faire. Et des hommages aux vieux classiques du fantastiques Werewolf by Night n'en manquent pas. La réalisation de Michel Giacchino est alléchante. On se régale d'une mise en scène qui sait mettre les formes là où il faut au point de nous rendre dépendant de l'image. Une constatation qui prend tout son sens lors de la séquence percutante de la transformation du loup-garou devant une femme terrifiée. Une scène incroyable qui offre une élaboration ingénieuse où se confondent une photographie léchée sur un jeu d'ombres remarquable; des gros plans avec des effets mélodramatiques sur l'expression des personnages; une mise en forme de l'espace avec une caméra qui offre un mouvement imparable; jusqu'à l'excellente composition musicale qui joue d'un lyrisme mystique plaisant pour les oreilles, signée une fois encore Michel Giacchino.


Une appropriation réussite des codes appartenant à une ère aujourd'hui révolue que l'on prend beaucoup de plaisir à redécouvrir. Malgré la conduite originale la direction des effets spéciaux s'avère branlante autour de la conception du Man-Thing. Une création qui sonne faux et s'imbrique difficilement au milieu de tout ce traditionalisme. Petit regret également autour des maquillages du loup-garou qui au final s'avère très simplet autour de la composition des traits du visage. Les éléments d'horreur conduits par Giacchino sont convaincants par le biais de séquences où on s'étonne d'une violence excessive (pour le MCU) avec des gerbes de sang et des membres qui volent. Une animosité qui dans la forme est atténuée par la colorimétrie pour le sang, et par le regard parodique pour le fond. L'horreur c'est bien, mais il ne faut pas oublier qu'on reste dans une production Marvel Disney. En conséquence de quoi, on se rattrape sur l'illustration dramatique psychologique des personnages qui présentent deux monstres "Werewolf" et "Man-Thing" qui sont finalement des grands enfants dans l'âme. Une conduite regrettable intelligemment contrebalancée par les personnages humains qui sont finalement les vrais monstres du récit. Gael García Bernal sous les traits du loup-garou Jack Russell est plutôt bon, bien que je demande à être davantage persuadé par sa proposition qui aurait mérité plus de démonstration dans sa version bestiale. Très moyennement décidé par Theodore Sallis alias "Ted", le Dieu des marais Man-Thing. Du côté des humains c'est mieux, à commencer par Laura Donnelly qui en tant qu'Elsa Bloodstone accroche le spectateur lors de ses nombreuses confrontations. Elsa que l'on risque de retrouver (je l'espère) dans des aventures à part en tant que chasseuse expérimentée connue du monde occulte de Marvel. La veuve d'Ulysses Bloodstone "Verussa" par Harriet Sansom Harris est un antagoniste réellement convaincant. Parmi les chasseurs, Kirk Thatcher pour Jovan m'a amusé, mais c'est Eugenie Bondurant avec son visage si particulier qui m'a régalé en tant que "Linda" malgré son rôle très secondaire.



CONCLUSION :



Werewolf by Night de Michel Giacchino est une proposition à ce jour unique pour le Marvel Cinematic Universe, qui inclut pour la première fois de manière affirmée le genre horrifique dans son univers. Une proposition cinématographique qui rend hommage aux films d'horreur fantastique occulte des années 30 avec les monstres de la nuit. Un périple davantage passionnant à suivre pour son expérimentation esthétique remarquable dont on se régale de chaque plan, plutôt que pour son histoire classique qui conjugue avec plus ou moins de réussite l'épouvante à la parodie infantile de certains personnages. Reste un moyen-métrage distrayant..


Une mini foire aux monstres divertissante qui demande encore à être peaufinée mais qui représente une proposition inespérée à encenser au sein du MCU.




  • Notre sang coulera pour la chasse.

  • « Pour honorer la Pierre et ceux qui ont forgé nos lames. »

  • Pour purger ces terres de l'abomination.

  • « Nous ne trouverons la paix que dans le sang. Qu'il en soit ainsi. »


Créée

le 8 oct. 2022

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