En 1972, Roman Polanski décide de suivre les trois jours du Grand Prix de Monaco aux côtés de son ami Jackie Stewart, afin de découvrir les coulisses de la F1 et ce qui se passe dans la tête d'un pilote.
J'étais un passionné de F1 dans les années 90, et j'avoue que ce documentaire, tourné par un certain Frank Simon, mais produit par Polanski, est fascinant, car il décrit à la fois une autre époque de la F1 et réussit à nous transmettre les peurs d'un pilote. C'est aussi un sport qui, jusqu'à une période récente, voyait des pilotes se tuer lors de courses, ou sinon avoir des accidents spectaculaires.

Ici, la notion de sécurité est permanente, avec les combinaisons ignifugées, où Stewart revêt deux combinaisons pour le protéger des flammes si son véhicule se crashe, et on voit ce dernier se confier sur le risque permanent qu'il prend, car il sait que chacune de ses courses peut être la dernière. Il y a à ce titre un passage magnifique mais assez poignant où sa femme, Helen, se confie à Polanski sur le fait que plusieurs de leurs amis se sont tués lors de courses, et qu'elle doit soutenir les veuves. Et on voit dans ses yeux l'angoisse qui l'étreint lorsque son compagnon dispute sa course.
Ce documentaire est aussi l'occasion de voir l'amitié visible entre Polanski et Stewart, qui ne se quittent pas, y compris lorsque ce dernier se rase, puis se coupe, disant à Polanski que "comme ça, il y a aura du sang dans ton film, toi aimes ça". C'est aussi l'occasion pour Stewart d'évoquer sa conduite, quand il va expliquer dans sa chambre d'hôtel au petit-déjeuner, seulement vêtu d'un slip, à Polanski, la manière de prendre des virages en faisant des dessins sur la nappe et en se servant de carrés de beurre.

Quant à la course proprement dite, on la voit assez peu, mais on assiste surtout aux préparatifs, avec les autres pilotes, la rencontre avec Grace de Monaco et son mari, et surtout un plan séquence assez saisissant sur un tour complet de circuit avec la caméra aux côtés de James Stewart, sous une pluie battante.

Quarante ans après son exploitation, le film a été remonté par Polanski (Frank Simon étant décédé depuis) pour ajouter à la fin vingt minutes d'une discussion en 2012 entre ce dernier et Jackie Stewart, dans la même chambre d'hôtel, sur l'impact de ce documentaire, sur les progrès concernant la sécurité, et surtout, pour évoquer des pilotes décédés, dont François Cevert, qui fut l'élève de Stewart, et qui mourra d'un accident en pleine course. Ce pilote est évoqué avec des trémolos dans la voix.
On voit aussi quelques archives terribles, notamment l'accident mortel de Lorenzo Bandini lors dun GP de Monaco en 1967 où sa voiture se crashe et brûle, laissant le pilote dans les flammes, et qui mourra peu après.

C'est un documentaire indispensable, pas seulement aux fans de la formule 1, mais aussi de voir la peur au sein d'un pilote, et surtout, d'une amitié forte entre Polanski et Stewart.
Boubakar
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le 13 août 2014

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