Alex Gibney met en lumière la plus grande faille de sécurité de l’histoire moderne : la publication de près de 260 000 dossiers militaires américains classifiés par le site WikiLeaks. Il revient sur la création de cette machine à divulguer des secrets, fondée en 2006 par Julien Assange. Le réalisateur nous raconte cette histoire à travers deux destins croisés. D’un côté, Assange, un personnage complexe, animé depuis toujours par un ardent désir de transparence et d’information du public. De l’autre, Bradley Manning, jeune soldat à l’origine des fuites sur les dérives de l’armée américaine en Irak. Le téléspectateur est invité à s’interroger sans cesse : Jusqu’où va la liberté d’information du public ? La transparence oui, mais à quel prix ? Ce film à portée documentaire s’inscrit plus que jamais dans l’actualité récente et les scandales révélés par les lanceurs d’alerte.


Après une enfance difficile, Assange est condamné dès la fin de son adolescence pour des activités de piratage. Il crée une sorte d’ « agence de renseignement du peuple » où chacun peut publier des informations confidentielles afin qu’elles soient dévoilées au plus grand nombre. Crypté, le site garantie l’anonymat des sources. Dès 2006, WikiLeaks révèle des scandales : évasion fiscale en Suisse, meurtres au Kenya, déversement de déchets toxiques. Le site connait une ascension fulgurante avec la publication d’un rapport dénonçant le rôle de banques islandaises en faillite dans la chute de l’Etat. Assange devient le héros de la liberté d’expression et son site reçoit des milliers de fichiers notamment ceux transmis par B. Manning provenant des dossiers de l’armée américaine. En 2O10, WikiLeaks publie la vidéo Collateral Murder d’un raid américain ayant provoqué la mort de 18 civils. Assange devient alors une personne influente A partir de ce moment, le fondateur plonge dans la paranoïa.


Bradley Manning, jeune américain issu d’une ville religieuse et conservatrice de l’Oklahoma. En quête d’identité, il s’engage dans l’armée à 19 ans. Tourmenté par ses instructeurs pour son homosexualité, il sera muté à un poste d’analyste. Ayant accès à des milliers de fichiers, il participe malgré lui à un vaste secret qu’il désapprouve. Il télécharge ces données confidentielles avec la ferme intention de les exposer au grand jour. Après une vaine tentative de collaboration avec The Washington Post et The New York Times, il les transmet à WikiLeaks. Via une messagerie instantanée, il se confie à Adrian Alamo, un jeune haker qui a déjà essuyé des condamnations avec la justice. Manning lui révèle les moindres détails de sa vie, ses états d’âme, son expérience dans l’armée et les motivations qui l’ont poussées à fournir ces dossiers à WikiLeaks. Manning sera dénoncé par Alamo aux autorités.


Par la suite, les révélations de WikiLeaks seront relayées par de grands quotidiens tels que The Gardian, The New York Times ou Das Spiegel. Se posent alors des questions d’ordre déontologique : faut-il censurer ou non certains éléments qui pourraient mettre en danger des civils ? Par la suite, trempé dans un scandale sexuel, il s’insurge contre ce qu’il qualifie de campagne de salissage à son égard. Un homme brillant qui a créé et contribué au succès d’une organisation unique a également, par sa personnalité instable, contribué à sa chute.


Ce qui donne force au récit, c’est le minutieux montage mêlant images d’archives et scènes réelles de vie. La bande son est dynamique, entrecoupée de silences sur lesquels se superposent les aveux et les explications écrites de Bradley Manning via une messagerie instantanée. La chronologie et les objectifs de WikiLeaks sont expliqués, illustrés par des photos, vidéos et nombreux témoignages.


Ce documentaire est passionnant et retrace avec précision l’histoire d’Assange, Manning et WikiLeaks. Il est pertinent et dynamique. Il permet de bien saisir les enjeux que soulève une telle organisation. Certains retours en arrière et anecdotes entremêlées sont néanmoins un peu difficiles à saisir. Il faut être attentif et connaitre un minimum l’histoire. Une signalisation pour public sensible devrait être apposée car certaines photos et scènes violentes pourrait choquer un public non averti.

MainaT
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le 4 févr. 2016

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