Voyage vers la Lune
5.8
Voyage vers la Lune

Long-métrage d'animation de Glen Keane et John Kahrs (2020)

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Viser la Lune.


Sorti au beau milieu du mois d’Octobre, marqué par une actualité peu joyeuse. Netflix frappe un nouveau coup dans le monde de l’animation en sortant son nouveau long métrage : « Voyage vers la Lune ». Le film se vend comme un film d’animation familial, aux couleurs éclatantes. De quoi contraster : avec la météo pluvieuse des mois de l’Automne (au sens figuré, comme au sens propre avec les affiches promotionnelles imprimées un peu partout en France).


Netflix avait réussi un premier grand coup d’éclat l’an dernier, avec la sortie de « Klaus », un film d’animation revisitant le mythe de Noel. Le dépoussiérant, apportant une véritable bouffée d’air frais à un genre vu et revu, et que l’on revoit chaque année. Les films « de noël » passent et se ressemblent, bien que remplissant leurs rôles de téléfilms « cocooning », s’appréciant avec un chocolat chaud et un plaide. « Klaus » était différent. Des personnages soignés et travaillés (notamment le père Noel lui-même), un scénario solide, de beaux messages…Le tout reposant sur une animation d’une qualité rare ! Animation entièrement faite à la main, donnant une patte esthétique inestimable au métrage, servant parfaitement son récit.


*


Pari réitéré pour Netflix ?


*


Revenons à « Voyage vers la Lune », le film n’est pas proposé dans la continuité de Klaus. Néanmoins, en tant que film familial original Netflix d’animation : le rapprochement peut être fait. Cela semble entrer dans un désir de Netflix de proposer sur sa plateforme chaque fin d’année, un film de ce genre.


Le film est une coproduction américano-chinoise. C’est donc sans surprise, que l’on voit le métrage se dérouler en Chine. Plus que ça, le film démarre en nous contant une légende de la mythologie chinoise, qui va être finalement centrale à l’intrigue. Toute la première partie du film se déroule donc dans une Chine moderne, où on y suit Fei Fei faire face à différents problèmes d’ordre familiales. Cette partie est la plus maitrisée de son film, les enjeux se mettent en place très vite. Laissant alors toute la place aux émotions que traversent Fei Fei et cela fonctionne parfaitement. On croit à son histoire, à sa relation père fille, au choc de la rencontre avec sa belle-mère (et son demi-frère). L’enchainement de chansons (syndrome Reine des Neiges 2*) peuvent déranger les premières minutes de films. Sans être très marquantes, les chansons demeurent sympathiques. Tout comme Cabriolle, l’adorable petit lapin de Fei Fei, élément comique du film (à la manière d’un HeyHey dans Vaiana, de Disney Pixar*).


C’est dans sa seconde partie, que le film pêche. Dans la quête de réhabiliter sa mère et ses légendes, Fei Fei entreprend son voyage sur la Lune, vers la déesse de cette dernière. Quelques timelaps temporels et un clin d’œil à George Méliès plus tard : nous y sommes : sur La Lune. Efficace dans sa situation initiale, géniale dans son élément modificateur, le film se perd dans ses péripéties. Cette partie sur la Lune commence pourtant pleine de féérie, avec cette envolée des lions ailés portant Fei Fei et son demi-frère au palais de la déesse. C’est arrivé au Palais que le film devient plus brouillon. Même l’animation jusque là très jolie, semble moins qualitative visuellement, étouffée dans cet amas de couleurs éclatantes qu’est le palais. L’introduction de la déesse Chang’E, se fait à travers d’une chanson d’antagoniste annonçant ses plans. Chantant face à ces sbires, à la manière de « Soyez prêts » entonnés par Scar face à ses hyènes*. On suit alors les aventures de Fei Fei à la quête d’un Mcguffin inconnu. Le récit se perd dans un surplus de péripéties pas forcément intéressantes. De la course motorisée, à la partie de Ping Pong céleste. On y rencontre (trop) de personnages secondaires : le lièvre, le hérisson, les poules viennent s’ajouter à la grenouille et au lapin blanc. Sans pour autant être déplaisante, toute la partie des péripéties donne un fouillis autant visuellement que narrativement.


Néanmoins, le film retombe sur ses pattes au moment venu de l’élément rééquilibrant. Fin des péripéties, on y comprend l’histoire de la déesse Chang’E, ainsi que ses motivations. On ne la perçoit jamais comme une « méchante » et cette partie du film nous le confirme. C’est une déesse désespérée qui subit ses malheurs. Ces nuances autour de l’antagoniste sont appréciables, on est loin du manichéisme de certains films « pour enfant ». Chang’E est un personnage intéressant, haut-en-couleur et qui nous devient très empathique une fois que l’on connait son histoire. D’ailleurs, lorsque l’on comprend que ses « sbires » sont en réalité ses larmes qui ont grandi, le film redevient doux et plein de poésie. C’est une magnifique allégorie de sa solitude, et du monde qu’elle s’est créée pour oublier son désespoir suite à la perte de son aimé. J’ai vraiment aimé ce Twist, et cela redore l’image de ces petites créatures, au second visionnage du film. Ce ne sont pas simplement des « Minions bis », ils forment finalement une très belle représentation visuelle de nos tristesses et de nos larmes.


*Le dernier point nous amène à parler de l’influence de Disney et Pixar sur ce film. Que ce soit par son animation, ses chansons ou encore ses personnages, le film a de nombreux points communs avec les productions Disney Pixar. Et en effet, les deux réalisateurs du film à savoir Glen Keane et John Kahrs sont deux anciens de la maison. Tout deux, sont des anciens animateurs de Disney, ils ont notamment bossé sur Toy Story, mais surtout la Reine des Neiges et Raiponce. Ce qui explique totalement leur influence et leur façon d’avoir réalisé ce métrage (qui est d’ailleurs leur premier en tant que réalisateur). En recrutant ses deux anciens animateurs Disney, l’intention de Netflix était claire : faire leur propre Disney.


Pour conclure, Netflix visait la lune avec ce film, l’objectif est réussi mais non sans quelques accrocs. Si l’on file la métaphore : Le décollage est maitrisé avec fluidité, le film se manque quelque peu sur son alunissage, mais vient finalement joliment réatterrir dans son dernier tier, refermant une jolie histoire. Le film n’atteint jamais la qualité d’un « Klaus », autant visuellement que par ce qu’il raconte. Néanmoins, l’heure et demi de film est sympathique, agréable, les messages sont touchants. On s’attache réellement à Fei Fei et à son lapin. Les relations entre personnages de la famille sont touchantes et bien développés. Il y a également quelques idées visuelles très sympas. Le film réussit son objectif : de nous emmener ailleurs, nous faire croire en notre imaginaire enfantin en dépit des faits factuels. Sans être excellent, « Voyage vers la Lune » est un bon film d’animation pour la famille, qui nous offre un divertissement plein de couleurs (ce qui fait toujours plaisir en ce moment).

Alexandreuh
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le 3 nov. 2020

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