Vij ou Viy sorti en 1967 est considéré comme le tout premier film d'horreur russe, le film est inspiré d'un écrit de Nicolas Gogol qui lui même s'est inspiré de contes et légendes ukrainiennes. Le film va connaître un tournage un peu chaotique avec pas moins de trois réalisateurs avant de s'imposer au fil du temps comme un véritable classique du genre voir un incontournable du septième art. On prête également parfois au film d'avoir été une des sources d'inspiration de Sam Raimi pour son Evil Dead, et même si certaines thématiques peuvent s'accorder ceci reste objectivement une pure spéculation de journalistes et critiques.


Viy raconte l'histoire d'un jeune séminariste philosophe et religieux qui se retrouve envoyé afin de veiller durant trois nuit sur le corps d'une jeune femme fraîchement décédée. Expressément demandé par la mourante elle même lors de ses dernières volonté, le jeune homme reconnaît alors le corps d'une sorcière avec laquelle il a lutté à coup de gourdin un peu auparavant. Contraint de rester enfermé trois nuit avec la morte sous peine de finir fouetter jusqu'à la mort, le jeune homme va vire trois nuits d'horreur.


Viy est un curieux mélange de conte traditionnel, de folk horror et et d'épouvante teinté d'humour. L'aspect humoristique vient surtout du personnage de Khoma ce jeune séminariste interprété par Leonid Kuravlyov qui est un formidable anti-héros à la fois poltron, crasseux, lâche, maladroit et alcoolique. Le film est quasiment composé en quatre actes, les trois derniers étant dictés par la mécanique et la structure même du scénario. Le premier marquera la rencontre entre Khoma et une vieille femme qui va accepter de lui offrir un endroit pour dormir avant de le rejoindre sur la paille. Puis dans une très belle séquence mêlant fantastique et grotesque la vielle femme va monter sur son dos et s'envoler comme si elle venait d'enfourcher un balais et l'on se retrouve la bouche ouverte avec l'impression de regarder Le Magicien d'Oz en étant bourré à la vodka. D'emblée le mélange du merveilleux avec l'absurdité de la situation et la terreur donne à Viy une magnifique singularité. Le film est d'une grande beauté (certes un peu surannée) avec décors peints, superpositions et transparences et cette réalité si étrange de l'artificiel qui fait parfois toute la beauté du cinéma. Lorsque Khoma se retrouvera à devoir veiller le corps de cette jeune femme qui n'est autre que celui de la sorcière transformée, le film va rentrer dans un crescendo de folie et de terreur assez fascinant. On notera aussi avec bonheur et pour l'anecdote un joli festival de moustaches de cosaques, de coupes au bol et une belle retranscription de la campagne russe.


Si la première nuit ne sera pas la plus marquante elle permet d'admirer une nouvelle fois un beau travail de l'image avec cette crypte éclairé de plusieurs dizaines de cierges et de découvrir la beauté fascinante de Natalya Varley dans le rôle de la défunte pas si morte que cela. La seconde nuit nous offre un moment assez fou avec la défunte qui debout dans son cercueil tourne dans les airs cheveux aux vent comme sur un overboard, mais rien ne pouvait nous préparer à une troisième nuit assez dantesque. Cette troisième nuit va justifier à elle seule mon enthousiasme car les forces des enfers semblent enfin se déchaîner, des créatures bizarres sortent des murs, des monstres surgissent avec des chauves souris qui tournoient autour, le tout dans une ambiance de pure folie et de terreur. Et là je retrouve un immense plaisir de cinéma, celui de l'illusion et du grotesque, celui des maquillages et des effets physiques, celui qui rapproche le septième art du cirque et de la magie. Cette magnifique scène renvoie tout simplement au cinéma de Georges Mélies, celui du trucage parfois visible mais tellement poétique et touchant. C'est peut être ce déchaînement de folie et de créatures étranges face à un anti-héros ne cessant de subir les événements qui permet de rapprocher de manière hasardeuse Viy du Evil Dead de Sam Raimi ? En tout cas cette séquence est assez hallucinante tant pour la qualité de ses effets visuels que pour ses maquillages et son ambiance encore une fois aussi fantastique que poétique et grotesque.


Viy est une petite merveille folle et folk horror avec toute cette patine assez magique de l'illusion dont on est pas dupe. Le film nous embarque dans un savoureux crescendo d'horreur et de folie au côté d'un anti-héros des plus attachant. Ne serait ce que pour son final le film est un incontournable pour les amateurs de cinéma horrifique et de bizarreries sur pellicule.


freddyK
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le 30 oct. 2023

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Freddy K

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