Une étonnante entreprise de dévoilement de la corruption, dans le contexte du marché noir de l'après-guerre dans une petite ville japonaise. La description du mode de fonctionnement de cette corruption généralisée, dans ses imbrications et échelons divers est très aboutie. Unique en son genre dans le Japon d'alors puisque impliquant directement et sans précautions particulières, politiciens, police, monde judiciaire et milieu des affaires. Montrant également la manière d'y mettre un terme en réveillant une population apeurée; en lui redonnant les moyens de retrouver sa dignité perdue consécutivement aux longues années de dictature militaire.
La forme quasi-documentaire de certaines séquences renforce le sentiment de véracité de l'ensemble du propos.
On retrouve également avec grand plaisir l'acteur Takashi Shimura, dirigeant l'enquête journalistique d'une main de maître et dans un engagement dont on se prend à rêver aujourd'hui; avant qu'il ne devienne, quatre années plus tard, le meneur (Sensai) des 7 samouraïs de Kurosawa. On ne manquera pas d'ailleurs de remarquer quelques similitudes entre les deux films même si les contextes présentés sont tout à fait différents et il est très probable que Kurosawa n'avait pas manqué celui-ci.
Le réalisateur Satsuo Yamamoto mérite pleinement que l'on redécouvre son œuvre étrangement négligée et oubliée par les cinéphiles.

steka
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le 29 nov. 2018

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