En voyant ce film, sur la carrière et la vie du vice-président américain Dick Cheney de 2001 à 2009, soit durant la présidence de George Bush, on se demande comment il a pu être produit. Car c'est d'une telle violence, c'est très à charge contre cet homme qui a tiré les ficelles de l'administration Bush, en particulier au moment des attentats du 11 Septembre... On sent clairement le film contre.
Et c'est ce qui le rend passionnant, même si on ne saisit pas toutes les références par rapport à la politique américaine. En fait, ça raconte la montée au pouvoir d'un homme que rien ne destinait au départ, simple électricien poivrot que sa femme somme d'avoir des ambitions pour lui et sa famille sous peine de le quitter. A partir de cette menace, il va gravir les échelons, durant diverses présidences dont celles de Nixon ou Bush père, pour devenir au final l'homme le plus puissant du pays. Car, c'est l'un des mérites du film, on apprend pas mal de choses, notamment sur le fait que le vice-président a plus de pouvoirs que le président américain, et que ce dernier est vraiment montré comme un pantin. C'est bien sûr le cas de George Bush, incarné par Sam Rockwell, qui est montré comme un abruti fini.
Le film tient avant tout à la performance impressionnante de Christian Bale, lequel a (encore) pris 20 kilos, où on le voit bouffer des donuts sans arrêt, et dont le calme olympien cache en fait une volonté de fer, notamment d'imprimer l'histoire de sa patte. Il est aussi fait de ses nombreux problèmes de santé, dont ses multiples crises cardiaques, à tel point qu'il joue la carte de l'humour au moment où ça lui arrive, comme s'il devait aller faire des courses à ce moment-là !
Dans une critique précédente, je n'avais pas aimé The big short, le précédent film politique d'Adam McKay, mais ici, la forme se rapproche du Loup de Wolf Street avec ce commentaire ironique, ces jeux avec des scènes de la vie face à celles du film, en particulier au moment du 11 Septembre, et même un choix osé qui est de terminer le film à 50 minutes, générique de fin inclus, sur une autre voie qu'auraient choisis Dick Cheney et son épouse, à savoir dresseur de chiens !
On retrouve aussi Sam Rockwell en George Bush, Steve Carrell jouant Donald Rumsfeld, Amy Adams en épouse de Cheney et même Tyler Perry jouant Colin Powell, et tous sont excellents, frôlant parfois le numéro de mimétisme, mais dans le cas de Bush, c'est le plus payant par le choix de Rockwell de le rendre stupide.
Il y a quelques points qu'on aurait aimé voir éclaircis, comme ce que pensait Cheney de l'homosexualité de sa fille, lui qui est si conservateur, ou ce qu'il devient depuis l'arrivée d'Obama en 2009, mais c'est portrait d'une charge terrible à la fois contre cet homme, accusé en quelque sorte d'avoir transformé l'Amérique en ce qu'elle est aujourd'hui, mais aussi contre le public, à travers une scène post-générique sidérante. A ce niveau-là, on se demande si Vice n'était pas destiné à aller au casse-pipe...