Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un Nanni Moretti et, bêtement, je me demandais pourquoi, à l'exception notable de La Chambre du fils, j'avais détesté les quelques films que j'avais visionnés de lui. Il ne m'a pas fallu plus de deux minutes de long-métrage pour que la mémoire me revienne.


Bon, alors, c'est plusieurs histoires dans un seul film : un réalisateur qui a du mal à tourner son œuvre (producteur endetté, manque de fonds, recherche à la dernière minute d'une boîte qui accepte de fournir des liquidités !) sur une troupe de cirque hongroise en Italie alors que la Révolution de 1956 et sa répression sanglante éclatent, le contenu de ce film (oui, un film dans le film !) avec deux communistes italiens - un homme et une femme - qui ne savent pas comment agir face aux circonstances et qui remettent en doute leur appartenance au parti, le réalisateur qui a des problèmes familiaux (sa femme qui veut se séparer de lui, mais qui a du mal à le lui avouer, sa fille qui s'entiche d'un type beaucoup plus âgé qu'elle, etc. !), et il y a un couple de jeunes gens, et il y a un autre tournage par un jeune cinéaste qui se contente de reproduire les poncifs narratifs actuels, sans la moindre réflexion et le moindre recul...


**


Ouais, cela en fait énormément à raconter sur une durée d'un peu plus d'une heure et demie. Ce qui s'annonce difficile pour que tout soit creusé au maximum, pour que tous ces arcs narratifs soient complets et conclus.


Mais, voilà, comme si ça ne s'annonçait pas suffisamment compliqué, il y a un truc qui chamboule tout et fait que l'ensemble ne va absolument nulle part (si ce n'est dans la vacuité !), à savoir l'égocentrisme démentiel du metteur en scène-producteur-scénariste-acteur principal.


Voilà pourquoi je n'aime pas ce réalisateur et la très grande majorité de ses films. Il ramène toujours tout à sa propre gueule, intervenant lourdement et inutilement dans tout, même et surtout quand ça ne s'y prête pas. Il faut toujours qu'il fasse son petit numéro d'égocentrique montrant combien il est heureux d'être égocentrique. Et à chaque fois, ça dure des plombes, car il faut que la lumière soit sur lui constamment. Nanni chante, Nanni partage ses références cinéphiles, sans que cela serve un seul instant les intrigues, laissées, à l'exception de celles sur le tournage et du film tourné, à l'état d'esquisses. Nanni crie haut et fort ses réflexions sur l'état du cinéma actuel, en faisant bien comprendre que ce qu'il dit est sans cesse brillant et intelligent et que les autres sont cons et à côté de la plaque (après, certains de ses propos sont pertinents, mais noyés dans la somme de son égocentrisme !). Non seulement, il ramène tout à sa propre gueule, mais, pire que cela, il n'arrête pas de l'ouvrir.


Euh Nanni, tu pourrais creuser tes histoires, essayer de les relier entre elles (ouais, parce que pour trouver des liens entre elles... hum !), donner de la consistance aux autres personnages (ah bah non, ce serait regrettable que les autres comédiens fassent de l'ombre à notre huitième merveille du monde !)... euh Nanni, tu peux arrêter de t'astiquer en regardant une photo de toi-même, stp ? Ouh ouh, Nanni...


Ouais, bon, Vers un avenir radieux est un juste machin sans queue ni tête à la gloire de Nanni Moretti par Nanni Moretti pour Nanni Moretti.


Bon, j'ai hâte de voir les suites. Nanni à la ferme, Nanni en voyage, Nanni à la mer, Nanni, vive la rentrée !, Nanni à l'école, Nanni fait du camping, etc.

Plume231
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le 29 juin 2023

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Plume231

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