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Continuant son introspection sur la perte et la disparition, Naomi Kawase nous délecte toujours de son style si vaporeux avec Vers la lumière mais s’enlise dans un récit didactique et empreint de...
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le 16 janv. 2018
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Les films de Naomi Kawase sont empreints d’une nostalgie certaine, comme si la réalisatrice n’aimait à tourner sa caméra que vers ce qui sombre et menace de disparaître : la modeste boutique de dorayakis, le destin de la vieille dame, dans le précédent opus, « Les Délices de Tokyo » (2016), le rapport à la vision, ici, chez un photographe de renom, Masaya (le toujours excellent Masatoshi Nagase, ici impressionnant), qui perd progressivement la vue, le soleil faillant, que les deux héros aimaient à poursuivre, dans leur enfance, jusqu’à ce qu’il ait jeté ses derniers éclats... Le déclin de cet homme, respecté au point d’en être jalousé par les siens, est filmé avec une sensibilité exacerbée, parfois même en caméra subjective, et se rapproche, à certains moments, du genre du mélo, tant est souligné le déchirement connu par cet homme de l’art, qui va devoir renoncer à « la lumière ». Masatoshi Nagase, les pupilles noircies et le visage hagard, sous le coup de l’angoisse, incarne magnifiquement cet homme, confronté à la mort, dans son propre corps, de l’organe sensoriel qui lui importait le plus.
Au cœur de cette perte, sa route va croiser celle de Misako (Ayame Misaki), rédactrice d’audio-description filmique à destination des non ou mal-voyants. Ces scènes sont l’occasion d’une imparable démonstration quant à la supériorité ineffable des images sur les mots, aucun terme ne parvenant à rendre la beauté, la complexité, la richesse, la polysémie d’une image...
Le personnage féminin se voit ainsi confrontée à l’échec, puisque ses descriptions sont sévèrement critiquées par son panel de testeurs, parmi lesquels Masaya ; confrontée également à une perte aussi progressive qu’inexorable : le lent enfoncement de sa mère dans la maladie mentale, dégénérative, son père étant mort, lui, depuis longtemps. Entre la voyante et le mal-voyant, entre ces deux êtres que tout semblerait devoir opposer, puisque l’un fut aussi doué que l’autre se révèle maladroite, parvient à naître un amour, à tâtons... C’est sans doute dans le déséquilibre de ce couple que vient se nicher le point faible du film, l’obstacle à une adhésion plus complète du spectateur. Car, si les traits de Misako ne manquent pas de charme, on peut se demander pourquoi la réalisatrice fait ouvrir de grands yeux ronds, si aveugles, à son actrice principale, tout en lui faisant ponctuer son jeu de petits grognements supposés traduire sa perplexité et sa profonde incompréhension des choses...
Un déséquilibre d’autant plus regrettable que la photographie, souvent traversée d’or (or du soleil, or des teintes d’automne...), est par ailleurs superbe, rendant plus aiguë cette quête de la lumière et plus déchirant l’implacable renoncement qui est imposé à une figure masculine authentiquement tragique.
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le 28 janv. 2018
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