Venus
5.7
Venus

Film de Jaume Balagueró (2022)

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Astronomie, trafic de drogue et sorcellerie.

S’il n’a certes pas proposé que des œuvres mémorables, le cinéaste espagnol Jaume Balaguero est un incontournable du cinéma de genre hispanique. On lui dont le terrifiant « La Secte sans nom », son premier film, la saga « REC » dont les deux premiers épisodes sont devenus cultes et des modèles du genre ou encore l’excellent suspense malsain « Malveillance ». Il a aussi pas mal de ratés à son actif mais de le voir s’associer ici à un autre cinéaste espagnol rompu (et reconnu) dans le domaine du film de genre, Alex de la Iglesia, est alléchant. Ce dernier, plus connu pour ses propositions qui marient fantastique, horreur ou suspense à de l’humour noir (« Nos chers voisins » ou « Le jour de la bête ») agit ici en tant que producteur. L’alliance des deux est intrigante surtout qu’ils prennent comme actrice principale, la jeune comédienne espagnole qui monte : Ester Exposito. Découverte dans les premières saisons de la série Netflix « Elite » (les seules dignes d’intérêt) et ayant bien élargi ses horizons depuis entre cinéma d’auteur et série à gros budget, elle ajoute à la curiosité que peut entraîner ce « Venus » ...


Alors si cette série B n’est pas parfaite, loin s’en faut, elle est assez originale, folle et imprévisible pour qu’on y passe un bon moment de détente et de frissons. La première partie est aussi captivante qu’inattendue et prépare un mélange des genres plutôt galvanisant. En effet, on marie ici une intrigue de polar à base de trafic d’ecstasy dans un club techno avec une gogo danseuse en fuite dans le rôle principal couplée à une sorte de huis-clos fantastique à base de sorcellerie dans une vieille tour délabrée et tout cela baigné dans le contexte particulier d’une éclipse imprévisible avec un corps céleste en approche de la Terre (!). Beau programme azimuté, même si la seconde partie a un peu de mal à mixer convenablement tout cela et part un peu dans tous les sens, avec certaines directions et idées convaincantes et d’autres frôlant le ridicule.


L’univers dans lequel prend place cette histoire est convaincant. Faire venir des personnages de malfrats ou de gangsters dans un contexte où horreur ou fantastique sont présents devient de plus en plus utilisé, comme si le massacre de ces derniers apportait du plaisir au spectateur. Mais, ici, il faudra attendre le dernier acte pour cela car toute l’attention est braquée sur la fuyarde qui retrouve sa sœur et sa nièce durant les prémisses donnant de l’humanité et un ancrage réel au film. Et durant près d’une heure, Exposito est presque de tous les plans et impressionne en femme de poigne qui ne va pas se laisser faire. En plus d’être d’une beauté renversante, elle est crédible quand vient le moment de donner des coups. Et les traumas du personnage sont bien approfondis pour un film du genre. La mise en scène à la photographie grisâtre de Balaguero d’où seul le rouge du sang semble ressortir est plutôt racée et en adéquation avec la proposition. C’est donc prenant, tendu et intrigant puisqu’on se demande où ces indices étranges vont nous mener (la servante que l’on ne voit pas et qui apporte des cadeaux, les cauchemars, la traque des trafiquants, la disparition de la sœur et les étranges voisines du dessus, tout cela avec cet astre en approche que l’on entend sur les télés...).


Malheureusement, le dernier acte qui compile enfin tout cela est quelque peu chaotique. Il lâche peut-être un peu trop la bride et nous balance tous ces éléments dans une mixture visuelle et narrative pas toujours très digeste. Si des fulgurances formelles viennent nous flatter la rétine comme les séquences de magie noire et que des idées viennent nous heurter (lorsque la fameuse servante apparaît, on peut dire qu’on n’a pas vu telle monstruosité malaisante depuis des lustres!), c’est tout de même souvent un peu trop poussif et cela frôlerait presque à maintes reprises le ridicule avec certaines scènes n’ayant ni queue ni tête (Lucia qui ne meure pas après certaines blessures reste l’exemple le plus improbable). Si on enlève ce final grand-guignolesque souvent dans le mauvais sens du terme, c’est assez perché, original et généreux dans la terreur et ses expressions pour passer un petit moment sympa.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 5 avr. 2024

Critique lue 19 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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