Je suis le messager de Dieu ! Vous êtes condamné si vous restez ici ! Cet endroit est maudit. Maudit!! Il a une malédiction de mort. Vous êtes condamné ! Vous êtes tous condamnés !!




Que le carnage commence !



Vendredi 13 est un véritable monument du genre du slasher, un film d'horreur qui a marqué les esprits et laissé une empreinte indélébile. Réalisé avec brio par Sean S. Cunningham, il a donné naissance à une franchise à succès qui a évolué et perduré pendant de nombreuses années. Sorti en 1980, Vendredi 13 est une réponse directe au triomphe d'Halloween de John Carpenter, un autre film emblématique du slasher qui avait connu un succès retentissant seulement deux ans auparavant. Le film s'inscrit ainsi dans cette période charnière où le genre slasher commençait véritablement à prendre son envol, cherchant à capitaliser sur l'engouement suscité par ces récits terrifiants et sanglants, où les adolescents étaient cruellement pris pour cibles et leur chair fraîche était mise en scène de manière brutale et graphique. Pour exprimer cela de manière plus polie et éviter de parler directement de plagiat, il est essentiel de noter l'influence significative du cinéaste italien Mario Bava sur la création de Vendredi 13. Son film La Baie sanglante, sorti neuf ans auparavant, a joué un rôle déterminant en fournissant de nombreux éléments clés que Vendredi 13 a ensuite intégrés à son propre récit. On peut notamment observer une similitude frappante dans la représentation d'une série de meurtres extrêmement violents et visuellement explicites, qui rappellent clairement le travail de Bava. Basé sur une histoire élaborée par le scénariste Victor Miller, Vendredi 13 présente un scénario à la fois simple et percutant. L'intrigue se déroule dans un camp de vacances isolé appelé Crystal Lake, qui devient le théâtre d'une série de meurtres d'une extrême violence. Le long-métrage exploite habilement les codes caractéristiques du slasher, avec un tueur mystérieux qui traque impitoyablement et massacre les jeunes moniteurs du camp. Le suspense est savamment construit, et chaque meurtre est orchestré de manière à maintenir une tension insoutenable tout au long du récit. Même si de nos jours on estime que le scénario ne révolutionne pas le genre, il est important de reconnaître qu'à l'époque, il a offert une approche novatrice, malgré ses imprégnations, avec des moments saisissants et une intrigue captivante qui a plongé les spectateurs dans un véritable tourbillon de terreur sanglante.


Vendredi 13 se distingue par sa capacité à créer une atmosphère angoissante qui imprègne tout le périple. L'utilisation de décors isolés du camp de Crystal Lake de Virginia Field, joue un rôle essentiel dans cette ambiance oppressante. Un lieu désolé renforçant le sentiment de vulnérabilité des personnages et accentuant le suspense qui règne tout au long du récit. La photographie de Barry Abrams, bien que pouvant sembler vieillotte de nos jours, contribue à l'authenticité décalée de l'image. Les choix esthétiques, tels que l'utilisation de filtres et de jeux de lumière, ajoutent une atmosphère distincte au film. Les tons sombres et les contrastes accentuent le côté sinistre de l'histoire, créant ainsi une esthétique visuelle cohérente avec le genre slasher. Malgré l'aspect un peu fauché, la réalisation de Sean S. Cunningham est bien maîtrisée. Les plans sont soigneusement conçus pour maximiser l'impact des scènes de massacres, en utilisant des angles de caméra astucieux et des mouvements précis pour renforcer l'intensité des séquences. La maîtrise de Cunningham dans la manipulation des attentes du public est admirable. Il parvient à surprendre les spectateurs avec des retournements de situation inattendus, créant ainsi des moments de choc et de tension. Un exemple frappant de cela est le personnage d'Annie (Robbi Morgan), l'une des nouvelles monitrices du camp, qui fait de l'auto-stop pour se rendre à Crystal Lake. Pendant un certain temps, on pense que l'on suit le personnage principal du récit, mais sa mort violente vient brutalement contredire nos attentes, nous plongeant dans l'horreur de l'inattendu. De plus, l'identité du tueur réserve également une surprise de taille. Cunningham parvient à dissimuler habilement l'identité du meurtrier tout au long du récit, distillant des indices subtils mais trompeurs qui nous éloignent de la véritable révélation. Lorsque l'identité de l'assassin est finalement dévoilée, c'est un choc pour le public, apportant une nouvelle dimension à l'histoire et renforçant le sentiment de danger imminent.



Oh, mon doux innocent Jason. Mon seul enfant. Jason... Vous l'avez laissé se noyer ! Tu n'as jamais fait attention. Regarde ce que tu lui as fait. Regardez ce que vous lui avez fait !



La bande sonore immersive de Harry Manfredini est un élément essentiel qui contribue grandement à l'atmosphère angoissante de Vendredi 13. Les compositions musicales soigneusement orchestrées, dont le fameux thème "ki-ki-ki, ma-ma-ma", sont utilisées de manière stratégique pour renforcer les moments de tension et susciter une anticipation palpable chez les spectateurs. La combinaison entre les images à l'écran et la bande sonore subtilement angoissante crée une expérience cinématographique immersive, où on est tous plongés au cœur de l'horreur. La musique devient un élément narratif à part entière, rythmant l'action et évoquant une sensation d'appréhension constante. Vendredi 13 a acquis une renommée notoire grâce à sa représentation viscérale de la violence et à ses effets spéciaux époustouflants, laissant ainsi une empreinte indélébile dans l'histoire du genre. Les scènes de meurtre sont d'une brutalité choquante et déstabilisante, et le film ne fait aucun compromis pour ébranler le public. Les techniques spéciales utilisées, bien qu'aujourd'hui datées par rapport aux normes actuelles, démontrent un savoir-faire exceptionnel et confèrent une dimension réaliste aux scènes de carnage. Un grand bravo pour la mise à mort saisissante de Jack (Kevin Bacon), ou devrais-je dire Jacques (quelle originalité), qui se rend dans une cabane voisine avec sa petite amie Marcie (Jeannine Taylor) pour s'adonner au péché du sexe. L'adolescent est puni de manière horrible alors qu'une flèche s'enfonce violemment dans sa gorge, traversant le dessous de son lit. Pendant ce temps, Marcie est prise au dépourvu dans la salle de bains commune, avec une hache plantée dans son visage. Ces deux meurtres sont exécutés avec une force brutale, mettant en évidence le côté graphique du film. Le face-à-face ultime entre Alice (Adrienne King) et le mystérieux tueur est d'une intensité inouïe, voire encore plus palpitante, avec des échanges violents et prolongés qui donnent une conclusion viscérale et appropriée à l'histoire.


Le casting de Vendredi 13 réunit des acteurs relativement peu connus à l'époque, mais ils parviennent à livrer des performances convaincantes, malgré quelques excès de jeu évidents. Betsy Palmer livre une performance remarquable dans le rôle de Pamela Voorhees, la tueuse perturbée. Son interprétation captivante et intense ajoute une dimension mémorable. La comédienne parvient à incarner avec brio la folie et la démence de son personnage, créant une véritable aura de terreur. Un jeu d'acteur subtil et nuancé qui révèle progressivement la véritable nature de cette femme, oscillant entre une apparence innocente et une violence meurtrière. Sa capacité à évoquer de la compassion et de l'empathie chez les spectateurs malgré ses actes monstrueux réussit à donner une certaine profondeur à Madame Voorhees, permettant au public de ressentir une certaine compréhension de sa folie et de ses motivations. Elle parvient à humaniser cette figure emblématique du genre slasher, la rendant à la fois effrayante et tragique. Betsy Palmer est une icône du genre. Les autres membres de la distribution parviennent également à incarner efficacement les archétypes des personnages du slasher, même si certains d'entre eux manquent de développement et sont finalement réduits à des rôles de victimes potentielles. Adrienne King incarne avec classe le personnage d'Alice Hardy. J'apprécie ce personnage féminin fort, qui dégage une grande séduction à travers son apparence décente et qui n'a pas besoin de se déshabiller pour convaincre. Jeannine Taylor dans le rôle de Marcie Stanler Cunningham, Robbi Morgan en tant qu'Annie Phillips, Harry Crosby en Bill Brown, Laurie Bartram en Brenda Jones, Mark Nelson en Ned Rubinstein et Peter Brouwer en Steve Christy font un bon travail sans être extraordinaires. C'est un vrai plaisir de retrouver Kevin Bacon dans la peau de Jack Marand Burrell. Ce film marque le début d'une grande carrière pour lui, bien que ce ne soit pas sa première apparition à l'écran. Bravo également aux deux personnages atypiques d'Enos, le conducteur du camion interprété par Rex Everhart, et de Ralph, le fou du village joué par Walt Gorney. Ils apportent une touche sinistre en renforçant l'aspect maudit du camp.



CONCLUSION :



Vendredi 13 réalisé par Sean S. Cunningham, est bien plus qu'un simple film d'horreur. C'est une œuvre qui a su capturer l'essence même du slasher, en créant une atmosphère angoissante et en mettant en scène des scènes de meurtres brutaux qui restent gravées dans les mémoires. Grâce à la performance mémorable de Betsy Palmer et à son combat final intense, le film est devenu un incontournable du genre, influençant de nombreuses productions qui ont suivi. Bien qu'il ne soit pas exempt de défauts, il sera toujours célébré pour son impact et son héritage durables.


Vendredi 13 demeure et demeurera un incontournable du cinéma d'horreur, un pilier qui a marqué le genre de manière indélébile.




  • Est-ce que quelqu'un d'autre est en vie ? Sont-ils tous morts ?

  • Oui, madame. Deux de mes hommes vous ont sorti du lac. Nous... nous pensions que vous étiez morte aussi. Vous souvenez-vous de quelque chose ?

  • Le garçon. Est-il mort aussi ?

  • Qui ?

  • Le garçon, Jason !

  • Jason ?

  • Dans le lac, là... celui qui m'a attaqué, celui qui m'a tiré sous l'eau !

  • Madame, nous n'avons trouvé aucun garçon.

  • Mais il... Alors il est toujours là...


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le 26 mai 2023

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