Va te faire foutre Freddy par oxo morgenstern

ce film c'est vraiment l'attentat terroriste kamikaze que tous les artistes incompris rêvent secrètement de faire.

c'est pétri de ressentiment et d'une haine viscérale pour l'humanité, mais aussi d'un profond sentiment de culpabilité, un sentiment de self consciousness cringe qui permet de nous garder à distance du personnage principal afin d'éviter de finir comme lui.

d'habitude je suis pas fan de l'humour trash bête et méchant (ce réflexe nihiliste qui ne fait que nous désensibiliser, qui fait de nous des spectateurs apathiques du mal, banalisant ce dernier en prétendant le dénoncer), mais ici je le trouve cohérent avec le sujet du film (les limites du délire "artistique", cette idéalisation de l'artiste et l'hypocrisie collective qui va avec, à savoir jusqu'où est-on prêt à tolérer ce qui est "créatif"), mais surtout extrêmement pertinent dans sa misanthropie : le parti-pris (du film et du personnage principal) de renvoyer au monde et à sa famille la violence qu'ils nous infligent, en réduisant sa propre vie à une performance artistique permanente (quitte à s'auto-saboter, dans tout ce que la condition du manchild a de paradoxal : croire en ses rêves pour se protéger de l'hostilité du monde, des rêves eux-mêmes fabriqués par une société de consommation qui s'en accommode bien à condition de pouvoir régurgiter ses propres déchets, les rêves de ces enfants qui ne se réalisent qu'en nourrissant la machine avec leurs propres traumatismes familiaux), un shitpost exacerbé au point de nous dissocier nécessairement du personnage principal, comme le reflet d'un miroir déformant de malaise auquel on se gardera évidemment de s'abandonner.