Qui est vraiment Keyser Soze ? (critique réservée à ceux qui ont vu le film)
Attention, dernier avertissement, ça va spoiler !
Imaginez. Cinq gars pas forcément respectables alignés dans un poste de police, devant répéter une phrase hors contexte pour identifier un coupable. Imaginez que sans cet arrêt injustifié, ces cinq gars-là n’auraient jamais commis le coup qui coûtera la vie à un grand nombre d’entre eux.
Au départ, « Usual Suspects » est assez confus, du fait de sa trame mélangée où des évènements racontés côtoient les passages d’interrogatoires. Mais peu à peu, le rythme arrive et il n’y a plus de place laissée à l’ennui. Bryan Singer filme son histoire de gangster d’une très bonne façon. Les plans sont soignés et fluides.
Chaque personnage a un caractère bien défini et intrigant. On aurait aimé en savoir plus sur leur passé. Les différents interprètes de Keaton, Fenster, MacManus et Hockney sont bons, mais ne valent rien face à Kevin Spacey, qui livre une superbe performance. Comparé aux quatre autres gangsters, il se démarque par sa façon de jouer le boiteux et difficile à cerner Verbal Kint.
Si « Usual Suspects » est aussi reconnu, c’est grâce à son twist final. On s’attend à une révélation de fou pour clore l’œuvre. Finalement, on ne peut s’empêcher de réfléchir à la possible solution durant toute la durée du film. J’ai pensé que le plus improbable de tous sera Keyser Soze. Donc Verbal Kint. Pas à cause des indices soit disant laissés par Bryan Singer et son scénariste Christopher McQuarrie, mais parce que le coupable doit être celui auquel on s’attend le moins, et qu’un gentil boiteux un peu simplet c’est inattendu. La fausse théorie inculpant Dean Keaton aurait été plus acceptable finalement. Il n’empêche que le dénouement et sa mise en scène surtout sont bien amenés. Le passage où Verbal abandonne son identité passée dans la rue pour devenir Soze est très réussi.
Une anecdote amusante : même les acteurs ne savaient rien du dénouement final, à savoir l’identité de Keyser Soze, avant d’avoir vu le film. Ce fut le cas de Gabriel Byrne, qui l’a découvert au visionnage de l’œuvre terminée.
Bryan Singer, ce sadique.