Considéré comme un monument, Usual suspects n’a jamais réussi à me convaincre. Vu à sa sortie, j’avais déjà été déçu par son intrigue complexe mais peu passionnante et n’en avais retenu que son twist final (qui rend la complexité de l’intrigue, du coup, inutile). A la revoyure plus de vingt ans après, le sentiment est identique, sinon plus désagréable encore. Vanté pour son scénario (oscarisé), le film ronronne cependant inlassablement pendant toute sa durée. La surprise de la révélation finale parait appuyée tout au long de l’entreprise, et ce qui nous est raconté est d’un ennui sans nom.
Tout cela manque de rythme, d’épaisseur, d’imagination. Le film semble reposer entièrement sur son twist final. Vidé de cet élément, l’ensemble est totalement exsangue. Les séquences se suivent sans tension, tout n’est que prétexte à faire patienter le spectateur avant la révélation, et le suspense n’a rien d’haletant. Aussi bien interprété soit-il, le film enchaîne les dialogues qui, avec le temps, ont perdu de leur saveur et semblent tourner à vide.
Manipulations, trahisons, faux-semblants s’enchaînent sans jamais convier, à mon sens, le « McGuffin » hitchcockien comme beaucoup l’ont pourtant relevé. Le portrait des malfrats est peut-être trop superficiel et leurs aventures pas suffisamment passionnantes pour résister à un second visionnage (soulignant ici la faiblesse, finalement, du script). Un film culte que j’ai sûrement raté à vingt-cinq ans d’intervalle.