A une époque où j'errais fréquemment dans le rayon Laserdisc de la Fnac Saint-Lazare, j'hésitais grandement, un samedi après-midi, entre plusieurs des dernières sorties, parce que l'erreur coûtait chère, 300 francs pour être précis. Un vendeur s'approcha de moi, mais comme « vendeur » sonne de façon aussi disgracieuse que « banquier », ou « assureur », nous l'appellerons Danny Boyle. Danny, donc, pointa du bout du doigt l'un des Laserdiscs que je tenais en main, me le décrivant comme une comédie rafraîchissante. J'étais intrigué par ce film, réalisé par celui qui nous avait servi deux métrages qui m'avaient beaucoup plu, Petits meurtres entre amis et Trainspotting, avec encore une fois Ewan McGregor en tête d'affiche, et même si je n'avais guère d'affection pour Cameron Diaz, Delroy Lindo, Holly Hunter et Ian Holm, pour ne citer qu'eux, me donnaient une furieuse envie d'acquérir cette comédie sentimentale déjantée, qui d'après lui, sortait des sentiers battus.
Une petite heure de train, puis je pu enfin entailler délicatement la pochette plastifiée afin d'en sortir le large disque argenté qui contenait probablement cette fraîcheur que je recherchais tant, durant cet août caniculaire.
Tout comme Vincent Vega ouvrant la mallette tant convoitée, un halo de lumière dorée m'illumina, et cela pendant toute la durée du film, sans coupure, grâce à l'auto-reverse du Pioneer DVL-909.

Bref, Une vie moins ordinaire est l'une des comédies qui m'a le plus fait rire et m'émouvoir à cette époque, peut-être un peu parce que la concurrence m'avait noyé dans la médiocrité, mais quoiqu'il en soit, ce fut réellement ce que je recherchais.
Forcément, ça n'est pas Transpotting, l'humour noir se révélant bien plus mainstream, et surtout beaucoup moins glauque, probablement car l'anglais voulait passer à quelque chose trouvant son inspiration dans l'espoir et non la fatalité. On reconnaît encore une fois les goûts musicaux de Boyle, qui nous impose une large sélection d'electro-pop à l'anglaise (Faithless, Underworld, The Prodigy), très en vogue durant la seconde moitié des années 90, soutenant le tout de façon toujours judicieuse, sans pour autant faire l'erreur de glisser dans le film clip.
Les acteurs, comme les anges, sont à fond dans leurs rôles, dont un Delroy Lindo gentiment fleur bleue, et une Holly Hunter complètement allumée, et si Cameron Diaz ne plaira pas forcément à tout le monde, Ewan McGregor vous comblera, et si vous n'en aimez aucun, tant pis, pour ma part ça ne m'a pas empêché de les aimer, ici.
A noter également que John Hodge, inséparable de Boyle jusqu'à La Plage, en aura écrit le scénario.
Pour conclure, ceux qui recherchent une comédie sentimentale pêchue qui amuse sans exposer pets et autres vulgarités auront là une pièce de choix, fleurant bon les années 90, du moins du côté hype et non du côté tâche. Ceux qui ont grandi avec Scary Movie et autres comédies lourdes seront déçus de ne trouver ni drogue, ni alcool, ni vomi ou autres substances corporelles.
Mention spéciale pour Danny Boyle, qui m'a vendu un film que j'aurais eu tort de louper, et qui plus est l'un de ses meilleurs, la suite ayant souvent sombré dans le clip, afin de combler un manque de matière. Ça coûtait 300 francs, plus qu'un petit ventilo d'appoint, mais le cerveau, lui aussi, a besoin d'oxygène.
SlashersHouse
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le 19 août 2011

Modifiée

le 21 août 2012

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SlashersHouse

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