J'avais très envie de voir le film Une sirène à Paris tout d'abord pour la grande affection que je porte à la poésie lunaire de Mathias Malzieu et aussi parce que aussi maladroit et imparfait soit il j'avais adoré son film précédent Jack et la mécanique du cœur. Cette fois ci pas de film d'animation et Mathias Malzieu décide d'adapter en prise de vue réelles son roman éponyme, un choix un peu casse gueule tant il est parfois difficile de rendre tangible la poésie et l'imaginaire par l'image. Une sirène à Paris s'avère être au bout du compte une immense déception tant l'onirisme et la douce folie de Mathias Malzieu peine ici à trouver par l'image toute la puissance évocatrice habituelle de ses mots.


Une sirène à Paris raconte l'histoire à la fois banal et extraordinaire d'un petit chanteur de cabaret qui découvre un soir une sirène blessée dans la Seine. Il décide de la conduire chez lui et en tombe amoureux malgré le danger de pouvoir succomber aux charmes ensorcelant d'une créature capable de vous faire péter le cœur.


Cette histoire en forme de conte de fées et d'amour impossible ne possède pas une structure narrative extrêmement riche en rebondissements et malgré la présence d'un personnage de méchant pour apporter un peu de suspens il faut bien reconnaître que le film ne raconte pas grand chose. Pour que la magie opère et que la poésie vienne transcender ce récit anémique il aurait fallu que le film nous offre un univers vraiment fort et enchanteur et que les personnages nous fasse vivre avec intensité cette histoire d'amour impossible. Bien malheureusement rien ne prend vraiment et l'univers entre esthétique rococo du Paris des années trente et filtre orange à la Amélie Poulain manque vraiment d'originalité et de panache. Quant au couple formé par Nicolas Duvauchelle et la pourtant délicieuse Marilyn Lima il manque cruellement de passion, de force charnelle et de charme pour vraiment nous retrouver transporter et adhérer à cette idylle magique et aquatique. Tout ce qui passe si merveilleusement bien par le verbe et la plume fantaisiste et légère de Mathias Malzieu semble ici lourdement pesant et démonstratif à l'image de quelques gags qui tombent lamentablement à plat et de cette poésie qui n'émerveille jamais vraiment. J'ai la sensation que de part son sujet même et cette idée de provoquer le bonheur par la surprise inattendu de touches de poésie, que Une Sirène à Paris aurait du être un film d'animation dans la droite lignée de Jack et la Mécanique du cœur. D'ailleurs les plus belles scène du film sont celles qui se rapproche le plus du cinéma d'animation avec ce livre Pop-up qui s'anime, la sirène Lula regardant un clip d'animation à la télévision, le générique de début ou lorsque Gaspard (Nicolas Duvauchelle) improvise un spectacle de salle de bain pour distraire sa sirène. Peut être fallait il tout simplement un autre metteur en scène capable de transcender les idées, de donner une dimension nouvelle; d'apporter une touche d'imaginaire supplémentaire plutôt que de laisser à son auteur le soin d'illustrer aussi platement ses envies.


Moi qui voulais tellement m'émerveiller comme un gamin et sentir la passion d'un amour impossible me tirailler le cœur , je me retrouve devant une histoire d'amour fade à la poésie en toc ; paradoxe ultime d'une histoire de sirène que de provoquer une passion pas née incapable d'enchanter.

freddyK
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le 8 oct. 2020

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Freddy K

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