Sociologie iranienne ou universelle ?
Une séparation est un de ces rares films à être de son temps. D'une ampleur considérable (le film ne fait pourtant que deux heures), Asghar Farhadi aborde une multitude de problématiques sociales qui peuvent caractériser la société iranienne mais qui des fois se révèlent universelles.
Tout d'abord, d'un point de vue purement artistique, le film est très sobre, sans exagérations, sans parasites. Le scénario est bien construit, la réalisation est parfaite par rapport à son propos, elle est à hauteur des femmes et des hommes. Le casting est assez prodigieux et mérite pleinement son Ours d'argent collectif à Berlin. Mention spéciale à Leila Hatami qui éclaire le film à chacune de ses apparitions. Mais si nous en étions restés à cela, le film aurait été agréable mais n'aurait jamais atteint des sommets.
En réalité, le réalisateur livre un film-fleuve, sociologique qui d'une histoire personnelle d'un couple en plein divorce parvient à tracer la trame sociologique du peuple iranien mais aussi du monde entier. En effet, le propos du film est universel. Même si l'Iran peut cristalliser bon nombre de critiques, comment ne pas penser que nous sommes tous impliqués dans ces différents thèmes que sont la place des femmes, la religion, les classes sociales, la justice... Asghar Farhadi prend les destins individuels pour mieux écrire l'histoire collective. Tout est admirablement bien abordé, développé et analysé sans que jamais le film ne vire au « trop plein ».
Le film se referme comme il avait commencé. Disputé au début du film par les deux époux, le choix de la garde de leur adolescente en revient à cette dernière à la fin du film qui, dans un sanglot, ne sait qui choisir. Nous ne saurons pas non plus. Un grand film humain, sociologique et politique dont on peut se réjouir qu'il ait pu passer à travers les mailles de la censure iranienne.
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