Une étrange curiosité dans la filmographie de Bava que cette relecture de Rashomon façon comédie grivoise, un peu pop sur les bords. Pas de meurtre cette fois, mais toujours un viol décliné selon le témoignage de la femme, de l'homme, d'un vigile voyeuriste et les suppositions d'un psychanalyste.
Le ton est plutôt léger, presque auto-parodique, ce qui pose un gros problème dans la dramaturgie qui n'est n'y sérieuse ni franchement drôle. Les personnages sont avant tout des pantins sans colonne vertébrale pour pouvoir tenir un récit entier, surtout découpé en sketch dénué d'éclat. Il n'y a pas la moindre cohérence dans la trame générale (la mère n'apparait que dans un récit) et dans les histoires individuelles avec de gros problèmes de logique dans les points de vue (comment le vigile peut-il entendre les dialogues alors qu'il n'a que des jumelles ?).
Enfin, le dernier sketch, qui assume son manque d'enjeu par une reconstitution d'une profonde banalité revendiqué, confirme que le film est d'une grande vacuité. De ce fait, sorti du postulat, le film n'offre pas grand chose de solide et surfe étrangement sur un certain cinéma d'exploitation sexuelle (softement), quoique sans cynisme non plus. Le film reste ponctuellement amusant (et souvent peu raffiné) ou décalé, sans jamais passionner.
A côté de ça, le travail sur les décors est assez sympa, la musique groove ce qu'il faut et les acteurs ont l'air de s'amuser. Il ne manque que l'implication des spectateurs, témoins passif d'une machine tourner à vide.