Une virée nocturne peu commune qui nous offre une vision bien singulière de Paris. En poussant toujours plus loin le réalisme et en utilisant des lieux connus de tous, Lefebvre nous prend par la main et nous emmène petit à petit dans le monde de la brigade mondaine.

Si le déroulement se révèle être très lent et dénué de toute scène d'action, il se passe pourtant des choses dont on ne se douterait même pas l'existence. Il n'y a pas de doute, le réalisateur s'est beaucoup informé, c'est pourquoi le film frôle parfois le documentaire.

L'aspect répétitif pourra rebuter certaines personnes (on conduit, on s'arrête à une boite, on s'informe, on repart, on revient et ainsi de suite) : il n'est donc pas impossible de craquer au bout de 20 minutes. Ces allers-retours incessants impliquent un enchaînement des péripéties : Une Nuit perd alors parfois en crédibilité et certaines situations servent donc à amuser la galerie plus qu'à servir le film.

Cela dit, l'intrigue principale reste tout de même très claire avec ses lots de rebondissements, mais surtout elle nous offre un twist final inattendu et plutôt bien senti. Entre les prostituées, les travelos, les drogués, les boites gays, les boites échangistes, les videurs, les malfrats, et les hauts responsables qui se sont (volontairement) perdus dans des endroits louches : nos personnages ont beaucoup de pain sur la planche.

Au-delà de l'histoire, on se délecte sans broncher de ces plans nocturnes en plein Paris ; la magie visuelle opère d'office ce qui facilite notre immersion. Les travellings, les vues d'ensemble sur la capitale, les balades en voiture : cela fait longtemps que Paris n'avait pas été aussi magnifiée.

Côté acteurs, Roschdy Zem est comme à son habitude remarquable et Sara Forestier bouscule un peu plus le cercle (fermé) des très bonnes comédiennes françaises. La présence de Samuel Le Bihan reste sympathique mais j'ai beaucoup moins été convaincu par le personnage.

Malgré une prise de risque évidente de la part de Philippe Lefebvre dans sa réalisation, son choix est relativement récompensé puisqu'Une Nuit se révèle être un film efficace, original, loin des polars consensuels que le cinéma français nous sert à la pelle régulièrement.
badgone88
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films 2012

Créée

le 5 mai 2012

Critique lue 303 fois

2 j'aime

badgone88

Écrit par

Critique lue 303 fois

2

D'autres avis sur Une nuit

Une nuit
victorjol
8

One night in Paris.

J'ai eu longtemps peur de faire face à un film de flics comme on en voit beaucoup (trop?) depuis quelques années en France. Olivier Marchal style. Les lumières sont belles, Paris bien filmé, pas le...

le 8 janv. 2012

8 j'aime

Une nuit
oso
6

Dernière tournée avant l'aube

Il ne manque pas grand-chose à Une nuit pour sortir du peloton des polars modernes à la française peu fournis en valeurs sures. Des acteurs secondaires plus inspirés d’une part, pour accompagner la...

Par

le 12 avr. 2015

5 j'aime

1

Une nuit
Gand-Alf
5

Paris by night.

Absent des écrans de ciné depuis un sacré bout de temps, Philippe Lefebvre revient à la mise en scène (après avoir beaucoup bossé pour la télévision) avec "Une nuit", marchant sur les traces du...

le 15 janv. 2013

4 j'aime

3

Du même critique

127 Heures
badgone88
8

Wow...

On pourrait parler longuement du générique du début qui dit tout sur le film (notamment le robinet qui coule au compte-goutte), des dernières images qui te disent d'aimer la vie même si tout le...

le 10 janv. 2011

25 j'aime

Random Access Memories
badgone88
5

Nouveau Virage.

Bon, autant être direct : je suis déçu. Random Access Memories, par rapport à ses aînés, est résolument plus funky, le côté électro étant légèrement mis en retrait, voire totalement effacé si on...

le 14 mai 2013

22 j'aime

2

Whiplash
badgone88
9

Jouissif.

Les tous derniers instants de Whiplash, ponctués par quatre minutes de folie pure en solo de batterie, m'ont plus ému que les cent-vingt minutes cancéreuses de Nos Etoiles Contraires. Où je veux en...

le 10 févr. 2015

18 j'aime