Au début des années 60 la Shochiku, constatant que la nouvelle vague française, en plus d'amener un vent de fraîcheur sur la création cinématographique, fait du bif, offre à certains aspirants réalisateurs la possibilité inespérée de tourner pour la première fois à un âge bien moins avancé qu'à l'ordinaire. La nuberu bagu est née, de manière complètement artificielle certes, mais elle a tout de même des choses à dire, comme nous le prouvera la suite de la carrière d'un Nagisa Oshima.
Ce mélodrame produit au début de ce contexte offre une filiation directe avec le mouvement initié en France par les Cahiers du cinéma, le sujet et son traitement sont en effet dans la lignée des 400 coups sans du tout tomber dans le copié-collé.
Outre le fait que le contexte soit radicalement différent car ancré dans une société japonaise semi-rurale d'après-guerre, le véritable parti pris du film, et là où il prend son indépendance vis-à-vis de l'inspiration qu'il puise chez Truffaut, est de ne pas suivre un pré-ado se démenant seul mais un couple adolescent, se débattant séparément en ayant l'aspiration de s'en sortir ensemble.
Même si elle est parfois un chouilla trop mélo à mon goût, l'interprétation par ces deux jeunes acteurs est excellente, ils tiennent le film de bout en bout. Leur jeu étant appuyé par une photo vraiment superbe, jouant autant sur les grands espaces disant la soif de liberté que sur l'enfermement dans lequel l'un comme l'autre se retrouvent systématiquement au sein de la société , symbolisé le plus souvent par les intèrieurs, qu'ils soient familiaux ou institutionnels.
Peut-être tout de même un peu trop long, l’essoufflement sera évité grâce à des moments de bravoure et de poésie particulièrement forts, relançant le scénario du même coup. Habile.