Après la guerre de Corée (1950-1953), la Corée du sud vit ses "années folles" comme la France à la fin de la première guerre mondiale trente ans plus tôt. Les jeunes adultes veulent jouir de la vie, rejetent certaines obligations traditionnelles. Le modèle occidental de consommation et de loisirs les fascine et les influence. Plusieurs Coréens envisagent d'aller vivre aux Etats-Unis. Un trafic automobile intense signale le retour des travailleurs, le film zoome sur une maison d'un quartier résidentiel de Séoul.

Assis par terre dans la pièce commune, une femme en tenue traditionnelle repasse du linge, son mari lit le journal et leur garçon demande de l'aide pour son travail scolaire. Le père se rappelle soudain qu'il doit s'occuper de manuscrits et file dans son bureau ! La mère se dévoue, remarque qu'il ne fait jamais d'effort... Elle le relance pour travailler dans un magasin et compléter ainsi leurs revenus. Bougonnements du seigneur et maître.

Le lendemain matin le professeur part à l'université et lui donne son autorisation. L'épouse se rend au magasin, mais une amie l'intercepte et l'embarque pour un banquet de femmes mariées. Chants, alcool, nourriture délicate, la belle vie ! Cette amie, dont l'époux fantôme voyage sans cesse, l'incite à boire de l'alcool, à lorgner et envier les bijoux des riches invitées, à s'émanciper de son mari (comme elle-même).

Malgré son retard considérable, elle est accueillie à bras ouverts par la patronne, ravie d'avoir trouvée une remplaçante. Le nom du magasin "A Paris" symbolise le modèle du luxe français, furieusement à la mode à Séoul. Notre héroïne y vend avec brio produits de luxe et cosmétiques occidentaux : le chiffre d'affaires décolle. Un extrait de "La vie en rose" résume la situation : tout s'annonce pour le mieux.

La jeune femme change rapidement. Un voisin étudiant l'attire par ses disques à la mode, réglés à plein volume. Il la courtise, la flatte, lui apprend à danser le tango et à boire. Son travail de gérante en ville lui permet de multiplier les relations et les plaisirs : flirts au café, soirées dansantes, combines risquées pour s'enrichir. Comme son amie, elle s'habille à l'occidentale, découvre jazz et chansons américaines grâce aux big bands des dancings, participe à une tontine avec l'argent de ses salaires et spécule sur des produits d'importation. Son patron la remarque, devient pressant et entreprenant.

Et notre professeur ? Une jeune et jolie dactylo d'une entreprise américaine le séduit, lui demande d'enseigner la grammaire coréenne à leur groupe de sécrétaires. Va-t-il succomber à ses charmes ? Les deux époux sortent séparément de plus en plus tard... Et dans leur salle commune désertée, le tic tac du réveil résonne sans témoin, berce les rêves de leur fils endormi sur ses devoirs...

lionelbonhouvrier
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le 8 juin 2022

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