C'est intéressant de revenir sur le terrain de l'exploration du cinéma sud-coréen de Im Sang-soo, très longtemps après la période où j'avais vu des films caractéristiques de la nouvelle vague du début des années 2010 ("The Housemaid" et "L'Ivresse de l'argent" notamment). Là où ces deux films m'apparaissent aujourd'hui comme glacés, un peu académiques et conventionnels à l'échelle de ce courant cinématographique (j'avais beaucoup aimé sur le moment), "Une femme coréenne" qui est bien antérieur (2003) semble beaucoup moins calculé. On retrouve beaucoup des thématiques chères au réalisateur — dans mon imaginaire et ma vision partielle en tous cas — au travers des rapports de domination entre hommes et femmes, de la façon de filmer les relations sexuelles ou encore d'avancer avec une méthodologie assez ouvertement provocatrice. C'est surtout en ce sens que ce type d'approche ne m'intéresse plus vraiment aujourd'hui car j'observe le discours et les oppositions avec beaucoup d'insensibilité. Disons que le miroir du couple, lui avocat renommée et infidèle régulier, elle femme au foyer qui s'emmerde et qui cèdera à un jeune voisin, constitue un schéma un peu trop grossier sur le thème de l'analyse morale de la cellule familiale.


Je suppose que ce rapport au cinéma érotique répond à une exigence, à une demande, à un secteur à exploiter. Personnellement le récit de l'ennui et de la frustration de cette femme ne me passionne pas, pas plus que le parallèle dressé entre l'homme et son père, ce dernier mourant dans des conditions difficiles d'une cirrhose assez sale, et le premier marchant clairement dans les pas de son géniteur. Au contraire, les femmes semblent naviguer sur des chemins bien différents, plutôt du côté de l'épanouissement, certes compliqué. Le style confectionné ici n'a pas le côté ultra léché des autres films que j'ai vus chez Im (et tant mieux en un sens, je pense que je ne supporterais plus aujourd'hui), le revers de la médaille étant qu'on s'ennuie un peu devant la platitude des dysfonctionnements et des risques de révélations au sujet des infidélités respectives au sein du foyer. C'est un peu le "American Beauty" coréen, dans cette optique.

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le 1 avr. 2024

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Morrinson

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