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Ecrit et réalisé par John Lee Hancock, le long-métrage raconte l’histoire d’un sheriff épuisé du député de Californie, Deke (Denzel Washington) et un détective du LASD, Baxter (Rami Malek), qui traquent un tueur en série. Leur enquête va les mener éventuellement à un sérieux suspect, Sparma (Jared Leto). Une Affaire de Détails est la première production Warner Bros de 2021, et le deuxième à avoir reçu la sortie hybride et controversée cinéma/HBO Max, après le trop long et pas très réussi WW1984 (pour ne pas dire plus). J’ai été plutôt hypé par ce projet, non seulement à cause de Washington ou des autres acteurs, mais l’atmosphère et quelques visuels me faisait rappeler Se7en à un moment donné… Et je me disais : « pourquoi pas, j’adore Se7en, et je pense que je vais aimer ce film ! » Mais après avoir visionné ça, j’étais déçu. Attention, Une Affaire de Détails n’est pas un mauvais film, loin de là, mais il y a certains moments qui fait descendre la qualité globale du film, malheureusement.


Les trois mecs qui portent le film


Mais pour l’instant, parlons de ce qui rend UADD un assez bon film. L’attraction principale ici est, bien sûr, les trois acteurs, et ils se débrouillent plutôt bien avec leurs personnages respectifs. Denzel Washington joue un sheriff tempéré, un ancien détective qui gère avec son passé troublé quand il retourne dans son ancien lieu de travail. Rami Malek est le détective plus jeune, avec moins de sang-froid du LASD, qui est en charge de l’enquête. Malek est confus lorsqu’il parle, parfois on ne comprends pas trop ce qu’il dit, et c’est plutôt cohérent avec le personnage. Jared Leto, d’autre part, a plus d’espace et de terrain de jeu pour Sparma que les deux flics, il est le personnage le plus indiscernable et le plus imprévisible, et Leto l’incarne avec aisance, ajoutant ce côté étrange au personnage. Le choix du casting est bien dans l’ensemble. Par contre, l’alchimie entre Deke et Baxter aurait pu être plus intéressant s’ils étaient mieux écrits, mais c’est assez bien. L’aspect visuel du film est plutôt solide, la photographie est bien travaillée, et les palettes de couleur sont consistantes. Aussi, un soin a été apporté dans les décors et les costumes, on se sent comme si on était dans les années 90. Et, malgré le classicisme du récit (on reviendra là-dessus plus tard), le film ne prend pas ses spectateurs pour des idiots avec des scènes d’exposition inutiles, ou des voix-off intrusives. Au moins, le scénario respecte le spectateur, et encore, tous ces éléments font de ce film une assez bonne expérience de visionnage. Mais, punaise, UADD aurait pu être BIEN meilleur sans les erreurs répétitives qu’il fait…


Les petits détails qui font la différence


Et par erreurs répétitives, je parle du mauvais montage. Je veux dire, mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi les nombreuses scènes de dialogue sont montés comme une mauvaise séquence d’action ? Un exemple : il y a une séquence où deux personnages se parlent dans une cuisine, et vous allez remarquer après le plan d’établissement de la maison que les coupes sont juste horriblement et inutilement rapides, cadrant un par un les réactions des personnages toutes les secondes… TOUTES. LES. SECONDES. Si c’était De Palma derrière la caméra, la scène aurait été plus posée. Le plus surprenant c’est que le film a été monté par Robert Frazen, la même personne qui a monté le film Netflix Je Veux Juste en Finir, une histoire beaucoup plus complexe et bizarre à transcrire à l’écran… mais ce dernier était mieux monté que UADD ! L’autre chose qui m’a gêné un peu c’est la bande-son du strict minimum et trop simple de Thomas Newman. Il y a trop de basses (pour souligner le côté sérieux et sombre de l’enquête) et la musique manque de narration. C’est une bande-son ambiante, et c’est bien, mais d’autres composeurs ont mieux fait comme Steven Price pour Gravity, quelques compositions de Hans Zimmer aussi, bien évidemment, et même Newman récemment avec 1917… Ici cela ne colle pas vraiment avec le film, et c’est dommage. Mais les erreurs ultimes de UADD sont l’histoire et le rythme.


De l’approche, des thèmes, les personnages, même le climax, le scénario est tellement classique et attendu, on a déjà exploré plus ou moins la même histoire, certains d’entre eux sont mieux et plus prenant. Le réalisateur ne voulait pas prendre de risques avec son script, et on peut le voir ici. Rien vraiment ne rend ce film spécial ou surprenant, avec peu ou pas de tensions en son sein. L’atmosphère est plus plate que prévue, malgré le fait que nous sommes entrain de parler d'une série de meurtres commis dans la même ville, pendant plusieurs jours, mais il n’y a pas trop de panique ou d’urgence. Certains de ces personnages ont besoin d’un développement meilleur et approfondi, spécialement avec Baxter. C’est trop gentil et économique dans son enquête, avec le risque que le spectateur oublie tout le film (et cela pourrait être le cas). Il n’y a peu d’éléments auxquels s’accrocher ou s’investir, ce qui donne lieu à la lenteur terrible du rythme. La première partie est pauvrement riche en information, du moins, d’informations intéressantes, au point d’en devenir ennuyant, et c’est plutôt triste de le dire, mais c’est vrai. Il y a trop de vides dans cette partie que ce que j’avais imaginé, et la venue de Sparma arrange la situation, mais c’est trop tard. Je peux comprendre le climax, et le message derrière, cela rentre avec la logique des personnages, mais pour certains, ce sera une fin incomplète, levant plus de questions que de réponses. Même si Une Affaire de Détails était sorti dans les années 90 (le scénario a été écrit en 1993), il aurait été oublié, piégé entre l’excellent Le Silence des Agneaux en 1991 et l’inoubliable Se7en en 1995, car il n’a pas d’identité propre, ce n’est juste qu’un thriller policier de plus.


Conclusion :


Une Affaire de Détails aurait pu être un bien meilleur thriller si John Lee Hancock se concentre réellement sur son récit, ses thèmes, ses personnages, pour ainsi influer le rythme global. Mais ce n’est pas le cas. Les acteurs sont bien choisis, les décors et les visuels sont plus que respectables, mais au final, ce n’est juste qu’un assez bon film policier, et c’est décevant.


P.S. : Robert, calme-toi mec.


LA NOTE DONNEE PENDANT QUE JE PENSE A QUI NOURRIT LE CHIEN DE DEKE : 5,1/10

LucasCR
5
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le 1 févr. 2021

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