Plus qu'honorable

J'y allais sans enthousiasme et j'ai été agréablement surpris. C'est un bon film, assez bien pensé, bien réalisé et bien joué, même si Vincent Pérez, à la fois réalisateur et acteur (il joue le méchant de l'histoire), compose un personnage qui, ai-je trouvé, manque un peu de méchanceté et de noirceur d'âme.

Au vu du titre et de la bande-annonce, je craignais que l'histoire ne se réduise à la description d'un conflit se résolvant au bout du compte par un duel à l'épée entre un homme et une femme. En fait, il y a un duel de démonstration et quatre vrais duels (où la vie des duellistes est mise en jeu). Tous sont passionnants, parfaitement chorégraphiés et filmés. On est vraiment sur des charbons ardents pendant le déroulement des quatre vrais duels, qu'ils se fassent à l'épée, au pistolet ou au sabre. Le premier vrai duel est sans doute le plus terrible et le dernier le plus violent.

Ce qui se passe entre-temps est une reconstitution ou évocation de la vie bourgeoise et mondaine du Paris de la fin du XIXème siècle, et la psychologie des différents personnages ou héros de l'histoire y est assez sommairement brossée, même si les acteurs les incarnant font le maximum pour les faire exister. Roschdy Zem, dans le rôle d'un maître d'armes, est sombre à souhait, très intériorisé, excellent. Doria Tillier se débrouille très bien en Marie-Rose Astié de Valsayre, une féministe qui, elle aussi défendra son honneur à la pointe d'une épée. Vincent Perez joue donc le rôle du méchant (le colonel Berchère) et ne manque pas de présence , bien qu'il souffre un peu d'être comparé au personnage joué par Roschdy Zem. Guillaume Gallienne compose tout en finesse son rôle d'ami de la famille Lacaze (celle du maître d'armes). Et tous les autres comédiens sont plutôt bien dirigés et aussi convaincants que possible.

Le film est très propre. On peut lui reprocher un certain manque de profondeur, notamment psychologique, mais on n'a vraiment pas le temps de s'y attarder, tant les duels qui le ponctuent sont prenants, pleins de tension, superbement orchestrés ou mis en scène.

J'allais oublié d'évoquer l'espèce d'histoire d'amour qui s'initie entre le maître d'armes Clément Lacaze et la "féministe" Marie-Rose d'Astié ; jouée en mineur, elle sert un peu à meubler humainement la deuxième moitié du film, lequel est, en fait, bâti ou centré sur les questions d'honneur et leur règlement par des duels qui obéissent à des règles strictes, quasi militaires. Aujourd'hui, les conflits (sentimentaux, financiers, etc.) entre personnes se résolvent autrement, avec moins de panache, même si parfois tout aussi violemment.

Une affaire d'honneur n'est pas un grand film, mais c'est un bon film, reconstituant un aspect particulier de l'histoire de la France et de l'Occident judéo-chrétien, aspect qui a, surprenamment, perduré jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Il se regarde, sinon avec plaisir, du moins avec intérêt et sans ennui.