Eh ! Vous voulez voir un film sympa de William Eubank ?
Un film orienté fantastique / SF, avec de vrais beaux moments esthétisés ?
Une sorte de série B de luxe qu’on est bien content d’avoir vu ?
Eh bien n’hésitez plus ! Jetez vous sur… « The Signal ».


Oui oui…
« The Signal. » C’est le second long-métrage de William Eubank.
C’est très inégal. C’est loin d’être parfait. Mais ça se regarde plutôt bien.
La fiche du film est ici. Ma critique à son sujet est par là.
Donc faites-vous plaisir si vous vous sentez le public visé.
Mais par contre, n’allez surtout pas voir cet « Underwater ».
Ooooh non… Ça, ce serait vraiment une très mauvaise idée.


Pourtant – ici aussi – on a dans cet « Underwater » cette volonté affichée de faire de la série B qu’on va s’efforcer de faire grimper en gamme, mais…
Mais le problème c’est que ça ne marche pas quoi.


Dès qu’on commence à rentrer dans le film catastrophe (en à peine dix minutes d’ailleurs), ça devient vite… triste.
Ça gigote dans tous les sens.
Ça clignote.
Ça cute.
Ça hurle.
Ça vomit de la musique pompière.
Mais aïe aïe aïe…


Alors bon, c’est vrai que les stéréotypes de personnages qu’on nous offre sont un peu moins horripilants que ce qu’on nous sert d’habitude dans ce genre de film. C’est vrai qu’ils ne disent pas trop de conneries à la seconde. Et c’est vrai que, parfois, il peut y avoir du style.
Des combis assez classes d’un côté. Quelques (très rares) plans esthétisés de l’autre. Un rythme plutôt maitrisé. C’est pas ce qu’il y a de plus honteux dans le genre.
Mais bon… Ça n’en fait pas pour autant un film fameux. Même pas un film passable d’ailleurs…


Premier gros souci, c’est l’absence totale de surprise.
De la première à la dernière minute, l’intrigue suit un fil tout ce qu’il y a de plus attendu.
Et le pire, c’est que moi je suis allé voir ce film en n’en sachant absolument rien : j’y suis juste allé pour William Eubank. Eh bah dites donc, je peux vous dire qu’à chaque moment où le film faisait son exposition, moi en retour je faisais de plus en plus la tronche des mauvais jours tellement les clichés étaient enfilés comme des perles.


« Hey ! On va vous descendre à 11km sous les océans !
- Hmmm… ça fait quand même peur. On ne sait pas ce qu’on peut trouver là-dessous. »
OK. Ils vont tomber sur une saloperie sous-marine.
« Voici l’équipe. Kristen Stewart. Vincent Cassel. Une jolie fille. Deux gros lourds. Et un noir. Vous en avez pour un mois. »
OK. Ils ne vont pas tenir plus d’un jour. Le noir sera le premier à crever. Après ce sera le tour des gros lourds. En ce qui concerne les deux têtes d’affiche, elles devraient tenir jusqu’au bout. Et comme la jolie fille n’est ni vulgaire ni superficielle, elle devrait survivre à la fin.
« BOUM ! Oh non ! Une catastrophe ! Que faisons-nous de tous ces personnages en difficulté ? »
Hmmm… Ces personnages que tu viens de désigner n’ont parlé que dix secondes ou pas du tout depuis le début du film. Je crois que tu vas les sacrifier.
« Ne pleure pas Kristen. Tu as bien fait de les sacrifier ! Tu ne pouvais pas faire autrement. Allez viens ! Maintenant trouvons une solution. Il doit y avoir d’autres survivants ! »
Ah ça oui ! Je pense bien ! Cassel est forcément encore vivant, vu son cachet ! Fouillez !
« Oh capitaine Cassel ! Incroyable ! Vous êtes vivant !
- Eh oui ! Et j’ai un plan pour nous sortir de là ! Voici un long parcours d’obstacles super-compliqué qui va nous permettre de choper les capsules de sauvetage de l’autre station qu’on a été trop cons pour penser à la relier à la nôtre.
- Et ça c’est quoi ? C’est plus près on dirait.
- Ça c’est la station Shepard. Elle nous a servi pour faire les repérages. Mais aujourd’hui elle ne sert plus à rien. Donc on oublie. »
Bah voyons. Donc le parcours va être détourné pour finir à la station Shepard. Merci de l’info… J’espère juste qu’il ne va pas falloir tout le film pour juste aboutir à ça.


Il faudra tout le film juste pour aboutir à ça.


Alors OK, au petit jeu des prévisions, j’ai pas forcément eu tout bon, mais j’avais quand même les grandes lignes.


Bon, Cassel est mort plus vite que prévu, remplacé dans le final par un gros lourd que je pensais voir mourir. Mais bon, il se trouve que le gros lourd en question est joué par T.J. Miller (que je n'avais pas reconnu), donc ceci explique peut-être cela. Pas de quoi se faire « usual-suspecter » non plus…


Difficile en tout cas de se laisser prendre par une intrigue à ce point balisée ; surtout quand ces balises sont aussi faméliques.
Du coup l’ami Eubank s’en retrouve à devoir piocher dans la boite à jumpscares et autres facilités pour essayer de tenir son spectateur en éveil. Donc autant vous dire que le résultat obtenu est assez triste.


Et c’est d’autant plus triste qu’en fin de compte, le vide de ce film est en permanence comblé par du fade, du vent, et parfois même des clichés stupides.


Et vas-y que je te ramène un bébé monstre marin dans une soute ; que je te le touche à mains nues et que je ne m’assure même pas qu’il soit mort…
Et vas-y aussi que je dis « eh on éteint nos lumières ! On passe en images infrarouges » …Mais que j’affiche ensuite les images dans le casque translucide de la combinaison.
Et vas-y enfin que je te décide de faire sauter un réacteur nucléaire sous l’eau pour sauver deux personnes, ne se souciant absolument pas au passage du fait que ça va rendre radioactif tout un océan. (Et vas-y d’ailleurs que je suis capable de régler le souffle de l’explosion au millimètre près, en mode « ça éradique totalement ici mais ça épargne totalement là »…)


Enfin bon, ce film c’est un condensé de tristesse cinématographique…


Alors après d’accord. Il y aura bien deux trois trucs un peu « sauvables » dans ce terrible naufrage mais – encore une fois – tous ces trucs cools, vous les aurez décuplés dans « The Signal » donc bon…
Franchement, suivez mon conseil : ne vous infligez pas inutilement du mal. William Eubank mérite mieux que le fait qu’on découvre dans ce mix raté d’« Abyss », d’ « Alien » et de « Half-Life ».
A croire que la marche était trop haute pour lui.
Que la pression des gros studios a été trop forte.
En espérant en tout cas que ce bon William survivra à ces eaux troubles.
C’est vrai qu’après ça, je ne sais pas si le petit gars s’en remettra.
J’espère vraiment en tout cas. Car moi, au fond, je n’ai rien contre l’idée de films série B haute-gamme. Bien au contraire.
Mais encore faudrait-il savoir en (re)faire.
Donc bon courage à toi William…
…et croisons les doigts.

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le 8 janv. 2020

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