Under the Skin est un film réalisé par Jonathan Glazer. Réalisateur n'ayant à son actif seulement 3 films étant chacun diamétralement opposés. Il a également réalisé des clips pour de grands noms de la musique actuelle tel que Radiohead ou encore Massive Attack. C'est de cette façon que l'adaptation de l'ouvrage de Michel Faber sera dirigé. Il ne s'agira pas d'un film comme les autres mais plutôt de la rencontre du cinéma expérimental et de l'univers des clips.

Le synopsis étant "Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître." pourrait nous faire croire à une réalisation de science fiction mené par Scarlett Johansson avec de nombreuses scènes d'actions. Et c'est justement là que le travail de Mr Glazer va jouer. Attention toutes personnes s'attendant à un film de la trame d'un avengers érotique peuvent tracer leur route !

Le film comporte très peu de dialogues et se focalise de façon quasi intégral sur l'esthétisme. Mais quelle claque ! Le réalisateur nous montre que le cinéma esthétique n'a en rien besoin d'avancées technologiques comme la 3D de Mr James Cameron pour s'ouvrir au voyage. Car oui Under The Skin est une invitation à l'évasion à travers un voyage hypnotique, anesthésique ou encore addictif. Le spectateur étant tout simplement happé par cette beauté cinématographique tout comme les hommes que Scarlett séduira d'un simple regard. La réponse à cet esthétisme se trouve ainsi dans le regard de l'actrice principale qui nous prouve ici encore qu'elle est certainement une des plus grandes actrices de son temps.

Au cours du film certaines scènes se dérouleront dans une chambre d'un noir organique qui semble totalement hors du temps , une interface où le reste de l'univers se serait arrêté de tourner et où les victimes de Scarlett atteindraient un niveau de jouissance sans égal étant juste exprimé par les ressentis sensoriels mais en aucun cas par des contacts charnels. Cette salle est d'ailleurs le seul élément de science fiction du film mais c'est également l'endroit où le personnage principal se forgera, s'ouvrira au spectateur à chaque pénétration dans cette pièce. Il s'agit bien d'une pénétration, une pénétration dans l'esprit , l'âme de notre personnage principal, elle conduit ainsi chacune de ses victimes dans une intimité lui permettant de prendre le dessus du fait de sa faiblesse physique féminine face à la force brute masculine.

C'est cette unique pièce qui la protégera de ses proies. Elle est ainsi le prédateur et les hommes sont ses proies.
La musique est également très importante lors du film. Par exemple lors de chaque scènes tournées dans cette pièce tout droit sorti d'un roman SF, il y a une musique renvoyant tout droit à l'esprit des films de James Whale. Où à chaque apparition par exemple de l'homme invisible a droit à une musique typé film de monstres . C'est lors de ces uniques scènes que l'on comprend donc par le biais de cette interface visuelle et auditive que l'actrice principale n'est en rien humaine.

Le film en serait presque une parfaite adaptation pour une oeuvre complète de la musique des norvégiens de Ulver.

Le film nous rappelle ainsi que Scarlett Johansson n'est pas une simple actrice de blockbusters incarnant des héroïnes tel que Black Widow. Elle renoue ici avec les rôles lui ayant fait un nom au cinéma tel que ses interprétations dans Lost In Translation, Match Point, Vicky Christina Barcelona ou encore le très récent Her. L'actrice retrouve alors ses lettres de noblesse et c'est la consécration.

Dans son rôle dans Under The Skin, elle parvient à faire tenir la totalité du film uniquement sur son rôle car au final il n'y a ni acteurs principaux ni acteurs secondaires autre qu'elle. Elle tient tous les rôles .Les autres acteurs ne font figure que de figurants dans ce récit psychédélique ou les seuls intervenant ne sont que des miroirs du personnage principal.Elle se nourrit d'eux.

Scarlett Joahnsson est dans son rôle simple, belle ,éblouissante , irrésistible.

Après la forme , venons en au fond !

Le film est très orienté dans le symbolique et le métaphorique. Chacun y percevra ce qu'il y voudra et l'avis se présentant à vous reste alors ici purement subjectif.

Le film se voudrait ainsi une ôde à la solitude, au rejet de la société ou encore à la difficulté d'adaptation lorsqu'une culture se veut fondamentalement différente.
Ainsi durant son voyage sur terre, notre " extra terrestre" est là pour une simple et unique mission : la conquête des hommes et leur disparition. Cependant au fur et à mesure de les fréquenter et de se voir proche physiquement de l'espèce humaine , elle voudra s'adapter à notre monde . Elle se prend alors à croire que les relations sentimentales et humaines de notre monde sont pour le moins accessible du fait de son pouvoir de séduction sur ses premières victimes.

Lors de chacune de ses pénétrations dans la salle noire, elle sera de plus en plus dénudée s'ouvrant aux charmes et aux tentations de la nature humaine.

Elle tentera alors l'aventure humaine en essayant d'avoir des rapport pour les moins normaux avec un homme. Cependant son état de nature étranger à l'espèce humaine la rejettera totalement du monde des hommes et l'enverra droit dans un cercle de solitude infernal.
Par le biais de ses expériences passées, elle tentera dans sa solitude de se créer un statut d'humain et passera alors du prédateur à la proie ; sa salle ne la protégeant plus de l'animalité de l'homme bien que son pouvoir de séduction soit toujours omniprésent.

Le film montre également que même entre personnes de l'espèce humaine la communauté et l'entraide ne mène PARFOIS qu'à la ruine et à la perte. La condition de solitude serait alors intrinsèquement liée à l'homme et pour survivre , il faudrait alors penser pour soit avant tout.

La communauté ne servirait alors que de protection physique et social mais ne mènerait en rien à la liberté émotionnelle.

Le sentiment de l'amour et de l'attachement ne permettrait peut être l'épanouissement de l'homme que durant un instant mais une fois ce moment terminé , la plus grande des souffrances ferait alors surface : La Solitude. Pour éviter de souffrir , il faudrait alors se confronter et se complaire dans sa solitude dès le plus jeune âge.

Under The Skin est ainsi un film d'une grande profondeur autant dans le fond que dans la forme. Le film reste une oeuvre inclassable mais sublime . Il transcende et nous permet de totalement s'isoler durant deux heures d'une grande intimité.
On s'éloigne ici des films grotesques actuels ne misant que sur l'esthétisme et n'ayant aucun coeur , aucune âme tel que certains long métrages de Nicolas Winding Refn.

Le film pourrait ainsi être précurseur d'un mouvement intimiste expérimental.
Jonathan Glazer rejoint ainsi le rang des plus grands réalisateurs de son époque.
Shauni_Tarantino
9

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le 28 janv. 2015

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