Under Pressure par Notry

Under Pressure, c’était la promesse de quelque chose de nouveau. Las Vegas, le Poker, les jeux d’argent en règle générale c’est commun, vu et revu. Souvent dans un désir de faire péter la coke et les … enfin voilà quoi, le spectacle à l’état pur. Or ici c’est un aspect plus introverti, une remise en question continuelle, que l’histoire nous raconte. Emmené par un Ryan Reynolds désormais totalement reconverti et en pleine maîtrise de sa carrière ces dernières années, c’est un duo de passionnés du jeu que l’on suivra tout au long de cette aventure. Le premier, Gerry, interprété par Ben Mendelsohn, est devenu complètement accro et ne sait comment s’extirper de cette situation d’endetté. Il joue sans arrêt dès qu’il a un peu d’argent et ne sait pas s’arrêter. C’est lors d’un tournoi de Poker qu’il fait la rencontre de Curtis, interprété par Ryan Reynolds donc, avec lequel il va rapidement se lier d’amitié. Le premier n’éprouve aucune limite lorsqu’il s’agit d’argent mais il sait jouer, quand son acolyte est véritablement chanceux, beaucoup plus modéré et extrêmement généreux, mais joue pour s’amuser, non pour gagner. Chacun possède une personnalité bien définie qui vont se confronter tout au long de l’histoire.

Under Pressure promettait un véritable thriller sur le thème des jeux d'argent mais ruine totalement son propos par un manque flagrant de profondeur. Ici il n’est pas question de présenter le poker comme un outil de foire uniquement là pour amuser la galerie et appâter le spectateur. Ce n’est pas un de ces blockbusters au message de fête et de débauche, il s’agit bien là de montrer l’appât du gain et la dépendance aux jeux comme une tare, comme une véritable maladie dont Gerry ne parvient pas à se soigner. Et finalement ce ne sont pas vraiment 2 amis que l’on suit mais plutôt un malade et son médicament ambulant. En effet Curtis plane comme l’ombre de l’ange gardien de Gerry, il essaie tant bien que mal de le faire revenir dans le droit chemin. En ce sens leur relation est soignée et les deux personnages sont bien écrits. On ressent vraiment que l’un essaie d’aider du mieux possible son ami quand l’autre est conscient de sa lâcheté et de son manque flagrant de volonté. Le duo d’acteur fonctionne d’ailleurs excellemment bien, Ryan Reynolds dans la peau du personnage charismatique type mais qui ne profite pas malhonnêtement de son côté avenant naturel, et Ben Mendelsohn dans la peau d’un homme complètement désabusé par la vie et fatigué de sa situation, quasi constamment au bout du rouleau mais qui trouve son réconfort dans les jeux d’argent. L’un comme l’autre sont très attendrissants et l’on souhaite en toutes circonstances qu’ils parviennent à régler leurs pêchés. Si leur relation est donc bien développée et agréable à suivre, leur rencontre n’en reste pas moins très maladroitement expédiée. Cela accentue le côté mystérieux de Curtis et l’anonymat qui l’entoure. D’autant que si l’on peut croire les propos de Gerry, ceux de son acolyte restent quant à eux constamment incertains.

La seule chose digne d’intérêt s’avère donc être la progression de l’amitié entre les deux protagonistes principaux. La conclusion de leur relation se clôturant aussi rapidement et maladroitement qu’elle n’a commencé. Il en va de même pour leurs relations avec leurs femmes, celles-ci sont sous-exploitées et complètement mis au ban alors qu’elles semblent être un élément primordial dans la reconversion de chacun. Comme si Ryan Fleck et Anna Boden n’avaient eu qu’un seul et unique désir avec Under Pressure, celui de raconter une histoire d’amitié, voire d’amour, entre un dépravé du jeu qui cherche sans arrêt à s’accrocher à ce qui lui reste et un inconnu qui voit le désespoir et l’appel à l’aide de ce dernier. Une intrigue sur la dépendance aux jeux dont les scénaristes eux-mêmes ne savaient pas comment s’en extirper lorsqu’on constate comment ils la concluent. Un peu plus et on verrait le ministère de la santé nous dire dans un communiqué « Si vous voulez arrêter de fumer, continuez, ça passera tout seul ». Ok, si c’est si simple de se soigner d’une addiction alors… C’est dommage car le film avait un réel potentiel, à commencer par celui d’offrir un peu de nouveauté aux films sur les jeux d’argent voulant s’orienter vers une histoire plus touchante et dramatique.

En somme l’idée de départ est pas mal et la construction des deux héros l’est aussi. Malheureusement le message est complètement raté et les scènes en règle générale sont extrêmement mal écrites. On peut clairement dire que Ryan Reynolds et Ben Mendelsohn sauvent le film puisqu’ils semblent être les seuls à croire un temps soit peu en ce qu’ils font. Résultat rien de passionnant ne se passe, on attend patiemment de savoir comment ça va se terminer, le film se payant le luxe d’avoir un certain suspens. Entre le personnage de Curtis très mystérieux et Gerry qui ne parvient jamais à changer et se soigner, on reste continuellement, par quelques petits faux espoirs narratifs, dans l’expectative de ce qui va se dérouler. Mais finalement, il ne se passe rien, à part une déception extrême pour le spectateur et l’affreux sentiment de s’être fait rouler…Comme quoi, il n’y a pas qu’aux jeux qu’on peut perdre.