Et revoilà Maurizio Merli et ses méthodes policières expéditives : tabassage de témoins, exécution de suspects, imperméabilité aux critiques moralistes des journaleux et lutte contre les gros bonnets intouchables. Mais à force d'être à cran et seul contre tous, le commissaire commet une bavure en abattant par erreur un collègue. C'est l'occasion de se mettre au vert dans une petite ville du bord de mer, de poser une chainette en or sur sa moumoute pectorale et de séduire la donzelle au décours d'une bonne baston de bar avec les jeunes cons du bled. Mais bien vite, de sales histoires locales font surface : une bonne raison de se réconcilier avec son pétard et la justice sans sommation ?


Stevio Massi réalise là un poliziesco bien mené qui donne toute la lumière au rentre-dedans très droitier de son commissaire moustachu fétiche. Le bodycount est assez élevé avec un Merli fonceur qui va seul au charbon (tout est dans la question du journaliste en conférence de presse : "mais vous avez arrêté combien de suspects ?") et quelques scènes d'action mémorable, particulièrement la fusillade en hélicoptère qui est techniquement impressionnante. Le score parfois très funky est plutôt sympa. Le scénario n'est pas bien fouillé mais l'ambiance provinciale de la seconde partie est dépaysante et source de bonnes idées (on ne berne pas Merli avec les poissons de l'Adriatique) ; il y a également une amorce de réflexion sur les méthodes du commissaire, avec son simili-trauma de la bavure, mais c'est vite oublié quand il faut dégommer du marlou.


L'édition d'Artus fait le taf. Le grain est parfois très prononcé et la VF, à l'ancienne, est un peu étouffée (j'ai préféré la VI). La présentation du film par Curd Ridel fait un peu fiche wikipédia de tout le casting mais cela apporte de nombreuses informations (dont le fait que la cité balnéaire est la ville de naissance de Stevio Massi) et l'occasion de voir de jolies affiches d'époque. L'interview de Danilo Massi, fils de, est plus intéressante car il a longtemps travaillé aux côtés de son père ; il critique d'ailleurs l'accusation récurrente d'idéologie fasciste des poliziesco, les ramenant au rang d'itération urbaine et ludique des westerns, arguant de plus que Stelvio Massi et Maurizio Merli étaient de gauche. Des propos qui s'entendent mais qui montrent surtout qu'en captant l'air du temps sociétal, on ne se rend pas forcément compte de qu'on en imprime sur la pellicule.

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le 22 janv. 2023

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