Un mois chez les filles
Un mois chez les filles

Moyen-métrage de Audrey Gordon (2023)

Tu as vu, sœurette, la tendance est maintenant de se filmer pendant les ébats amoureux !

Tu as vu, sœurette, la tendance est de se filmer pendant les ébats amoureux ! Oh tu sais, moi les courts métrages…

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C'est comme ça depuis que le monde est monde : les femmes (enfin certaines) en seront réduites à vivre de la vente de leurs charmes à des hommes fortunés...

"A deux nonnes faisant du stop s'arrête une Porsche 911 avec deux splendides créatures à bord...

Sur la route, la conversation s'engage : "Eh bien ma sœur vous avez là une bien jolie voiture... Elle a dû vous coûter cher ? Non non, quelques nuits d'amour... Et vous demande l'autre : ce joli vison qui vous protège du froid, ça ne doit pas être donné ? Trois nuits d'amour tout au plus..." Les deux nonnes se regardent et s'interrogent : "Ah et bien il nous a bien eu le curé avec ses deux boites de Léonidas !

Ce film m'a beaucoup amusé, séduit et intéressé : comme j'ai été photographe, ces clichés de femmes nues des débuts de la photographie aux coiffures à la mode de cette époque sont attendrissants !

Et d'un réalisme tel que certains peintres jugeant qu'ils ne pourraient faire mieux, renoncèrent à tout jamais comme Picasso à la peinture figurative au profit d'une diversion plus interprétative...

Ne tournons pas autour du pot : ceux qui veulent se rincer l’œil en voyant ce documentaire ne vont pas être déçus ! Il y en a à foison tout au long du film... Et quelle variété ! Il y a beaucoup de belles filles, plantureuses comme elles plaisaient jadis, mais il y a aussi de ces tableaux qui constituent des remèdes contre l'amour... Il existe du reste un marché pour ce genre de photos "rétros" qui a de nos jours beaucoup de succès (je déteste le mot vintage)

De nos jours, les canons de la beauté féminine ne s'exhibent plus qu'au travers de corps minces, et d'une peau intégralement éliminée de ses poils superflus....

Le film d'Audrey Gordon est une petite merveille car elle parvient à nous faire visiter le milieu des maisons closes, à mi-chemin entre le documentaire et le récit cinématographique. De formation historienne et journalistique, Audrey Gordon débute à Libération" comme correspondante à New York,avant de rejoindre France 3..

Le tout sans que ce soit jamais scabreux, vulgaire ou exhibitionniste. voire au contraire presque pédagogique !

D'autant que de nos jours, ce document est presque patrimonial : le métier de la prostitution ne s'exerce désormais quasiment plus qu'à travers Internet. La libération sexuelle, la pilule, ont contribué pour beaucoup au déclin des amours tarifés... Comme si ça ne suffisait pas, les "souteneurs" ont migré vers la drogue, plus rentable et moins risquée que la prostitution....

Le "faire-valoir "d'Audrey Gordon se déroule autour d'une féministe avant l'heure : Maryse Choisy qui dès 1925, pour son journal "l'Intransigeant" avait infiltré le monde de la prostitution parisienne en exerçant les fonctions les plus diverses : femme de chambre d'une maison close, ouvrière, mannequin, infirmière, vendeuse, chauffeur de taxi, dompteuse, danseuse dans un bar lesbien...

Elle se sert de cette enquête pour écrire un livre qui sera un immense succès" 30 jours dans le monde de la prostitution en 1928" .

Mais qui finit par tomber dans l'oubli... avant d'être réédité chez Stock en 2015.

La journaliste avait profité de cette incursion dans un monde fermé pour dénoncer la difficile condition des prostituées, leur suivi médical astreignant, et avait milité pour la fermeture des maisons closes.

Ce film est un petit bijou de la vie de nos aïeules au travers des années folles qu'on est content de (re) découvrir, pas d'avoir vécu !

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France 5 le 10.03.2024.






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le 19 mars 2024

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